La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) confirme la tenue des élections législatives nationales et provinciales à Yumbi (Mai-Ndombe) le dimanche 31 mars 2019. A en croire le directeur de communication de cette institution d’appui à la démocratie, toute la logistique est déployée et la dernière équipe de supervision a quitté Kinshasa depuis mercredi dernier. La toute dernière formation devrait se clôturer ce vendredi 29 mars 2019. De sources de la centrale électorale, nous apprenons également que 22 sites de vote seront apprêtés pour 66.223 électeurs attendus. Les candidats à ce scrutin s’apprêtent aussi à affronter cette bataille en vue de conquérir l’unique siège à pourvoir. Mais des questions taraudent les esprits, au-delà de tous ces préparatifs constatés sur le terrain. Comment la CENI parviendra-t-elle à organiser ces élections quand on sait que la majorité de la population de Yumbi n’a pas encore regagné le pays depuis son déplacement massif vers le Congo Brazzaville, suite aux affrontements du mois de décembre 2018 ? Quels sont les mécanismes mis en place par la CENI pour pallier aux cas de perte de cartes d’électeurs chez la population de Yumbi dont les biens ont été incendiés ? Est-ce qu’avec le temps qui reste, la majorité de la population de Yumbi encore absente du territoire sera-t-elle en mesure de retourner rapidement et participer aux scrutins ? Voilà tant de questions qui nécessitent une étude minutieuse de la part du pouvoir organisateur de ces élections, en vue d’éviter de connaitre un faible de taux de participation.
Au total, 26 candidats dont 12 à la députation nationale et 14 à la députation provinciale vont concourir à ces élections législatives dont la CENI a confirmé la tenue ce dimanche 31 mars 2019.
La CENI face au défi du taux de participation
Selon des observateurs en la matière, entre janvier et mars 2019 des retours timides ont été constatés à Yumbi en raison de l’amélioration de la situation sécuritaire, de la présence accrue des acteurs internationaux, du Gouvernement, et du début des interventions humanitaires. Selon l’ONU, indique nos confrères du site d’information en ligne actiualité.cd, suite aux exercices de ciblage effectués par les acteurs humanitaires, le nombre de déplacés a été revu à 9 618 (1 603 ménages) et 5 418 personnes retournées (903 ménages). Ces chiffres s’ajoutent aux 11 143 réfugiés qui demeurent encore en République du Congo. Pour le vice-ministre de l’intérieur, il faut tout simplement reporter ces élections. Basile Olongo craint que la CENI ne puisse pas enregistrer un taux de participation élevé, à cause notamment de l’absence « de plus de 80% » de la population.
Le gouvernement propose un nouveau report
« Le retour de nos compatriotes est timide. D’où, si la CENI tient à organiser les élections le 31 mars, il y aura un faible taux de participation », a déclaré Basile Olongo, ministre intérimaire de l’Intérieur et sécurité qui propose par ailleurs que la CENI repousse de trois à quatre mois, les scrutins à Yumbi dans l’attente du rapatriement des réfugiés par la RDC, le Congo et le HCR.
Mais selon la CENI, la date du 31 mars sera respectée, a indiqué Jean Baptiste Itipo, directeur de communication de la centrale électorale. Pour le pouvoir organisateur des élections, 66.223 électeurs ont été initialement répertoriés et attendus pour élire leurs représentants aussi bien à l’Assemblée nationale que provinciale.
Pour rappel, à l’ouverture de la tripartite CNSA-gouvernement-CENI, lundi dernier, Norbert Basengezi, vice-président de la CENI, avait indiqué qu’il y avait encore des préalables pour la tenue des élections à Yumbi. « À Yumbi, il y a encore des petites choses au niveau du ministère de l’Intérieur par rapport à l’administration mais cela n’empêche pas la tenue des élections si, encore une fois, nous sommes rassurés par notre gouvernement », disait-il.
Les inquiétudes du BCNUDH
Pour sa part, le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, Abdoul Aziz Thioye, a dressé la situation à Yumbi à quelques jours de l’organisation des élections législatives nationales et provinciales dans cette circonscription. « La difficulté effectivement, comme vous le savez, c’est d’organiser les élections dans les conditions actuelles à Yumbi, ça je pense que ça tombe sous le sens que c’est un peu compliqué avec les fosses communes, les tombes individuelles, les maisons détruites. Il y a une situation traumatique qui existe là et vous avez aussi une partie de la population qui a été déplacée. Mais la décision appartient aux autorités. Nous sommes dans un pays souverain, c’est aux autorités de prendre la décision de tenir les élections, je pense que c’est la décision qui a été prise », a déclaré le directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’homme, (BCNUDH) lors de la conférence hebdomadaire des Nations Unies pour qui à ce stade, tout dépend de l’appréciation des autorités congolaises qui doivent tenir compte de la perception de différentes communautés sur la symbolique de la tenue de ce scrutin.
Côté CENI, on tient mordicus à la tenue de ces élections avec le soutien du Gouvernement de la République car, toutes les batteries sont déjà mises en marche pour que la date du 31 mars soit respectée.
Théodore Ngandu

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com