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Comme chaque fois que l’on évoque des mutations politiques et que les décideurs sont à la recherche d’un oiseau rare pour incarner le pouvoir exécutif, le nom de Thambwe Mwamba revient systématiquement au point que la presse finit par croire à des ballons d’essai pour détourner  l’attention sur le véritable choix. Plusieurs fois on a pensé que le fait même de citer un nom dans les médias était un indice majeur pour dire que ce n’est pas lui. Et pourtant il nous a paru,  pour la clarté  de l’analyse et surtout par honnêteté intellectuelle de nous pencher sur cet homme politique aux multiples facettes et de nous interroger pourquoi est-il toujours cité et quel type de société politique incarnerait-il au point que l’on soit nostalgique d’une gouvernance qu’il pourrait conduire ?

L’actuel Ministre de la Justice du Gouvernement de la République est un Homme d’Etat, l’un des rares encore en fonction et dont le background n’est certainement pas un cadeau; mais le fruit d’un parcours d’homme, jonché des succès story, d’échecs, de doutes, de recommencement, de construction de soi dans l’adversité ; de remise en question permanente, de projection de son intelligence sur les modes de production en cours.

Alexis Tambwe Mwamba est l’un de ces hommes à forte personnalité qui exigent d’être pris tels qu’ils sont car entiers dans leurs engagements, ne laissant aucune once de fantaisie s’immiscer dans leur être politique s’entend. S’il est cité parmi les Primaturables, cela est un signe de sa capacité inégalée de travail, car il est connu par tous comme un boss bosseur, un chef qui promeut les jeunes certes, mais qui connait la saveur d’un vieux vin dans un repas sacré.

Aussi longtemps que l’on remonte son histoire on trouve à des époques différents, un homme dont la force du travail est à la mesure de sa force de proposition. De la Sominki au Maniema où il forgea ses premières armes professionnelles, on a des traces d’un jeune qui a toujours su où était le Nord et quelle direction il fallait imprimer à sa vie. Mais la plus grande histoire qui restera dans les annales de la République fut certainement son passage à l’Ofida (La Direction Générale de Douane et Accises (DGDA) en pleine deuxième République. A quoi était-il confronté ? A un système de fraude endémique, qui prenait tout le monde à la gorge et qui asphyxiait l’économie zaïroise, (le nom de l’actuelle République Démocratique du Congo sous le règne du maréchal Mobutu). De généraux aux militants du MPR, en passant par les commerçants venus d’ailleurs, la corruption fut la règle dans la deuxième République. Comment un directeur général des douanes dans cette confusion organisée a pu frapper dans la fourmilière au point qu’en une année, il a non seulement triplé, mais aussi assaini la douane en y apportant les reformes les plus importantes dont les effets courent encore à ce jour ? Deux choses furent aux yeux des observateurs  les clés, à savoir sa fermeté et le respect sans complaisance des règles établies. Son nom fut ainsi inscrit dans le firmament des performeurs, ces compatriotes dont le travail rejailli sur la communauté.

Alexis Tambwe Mwamba va poursuivre sa carrière politique en privilégiant la sélection des compétences et une certaine approche noble de la chose publique. A l’issue de la démocratisation avec des amis politiques à lui, ils vont construire une force qui jouera le centre entre d’un côté les tenants de l’ancien régime et de l’autre, les opposants radicaux. L’UDI va provoquer la montée des technocrates en politique, des hommes à dossiers, ceux qui pouvaient faire face à des énarques des institutions de Breton Woods et autres. Il en était le président. Avec l’arrivée de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération), il se retrouve en exil, mais déterminé à participer à sa manière, à la démocratisation du pays. Son passage au RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie)  lui a certainement donné la mesure du combat pour la défense de la souveraineté et de l’intégrité nationale, car il va au « Dialogue Entre Congolais », participer dans les rangs du MLC (Mouvement de Libération du Congo), un autre mouvement rebelle. Mais Alexis Thambwe Mwamba est un grand commis de l’Etat.  Revenu à Kinshasa, il va décider de servir aux côtés du Président Joseph Kabila. Il va occuper des postes prestigieux comme ministre des Affaires étrangères, ministre de la justice dans des moments clés de l’évolution du pays.  Qu’on le cite comme faisant partie de la courte liste des Premiers Ministres ne peut étonner personne car il en a le profil et surtout une expérience de l’Etat et de l’exercice du pouvoir, qui lui donne de manière naturelle,  une autorité que personne ne lui conteste.

Plusieurs ministres nouveaux venus dans l’exercice de leurs fonctions l’ont d’ailleurs pris pour le mentor qu’il est réellement devenu. Homme de forte présence, Thambwe Mwamba donnera à la Primature ce côté rencontre des générations car en lui,  se retrouvent les fondamentaux et les acquis des régimes précédents. Quel que soit celui que l’on choisira pour conduire le Gouvernement ; il devra savoir qu’il sera évalué à l’aune des qualités incarnées par Alexis Thambwe Mwamba.

Adam Mwena Meji

 

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