A quelques jours du début de la campagne électorale, avant que les fauves politiques ne soient lancés dans l’arène pour un échange des plus laborieux pour convaincre un électorat plus que motivé, votre rédaction s’est donné le devoir de faire le point sur le processus en cours au regard des contraintes extérieures, dans l’optique des relations internationales, celles qui se sont invitées de manière pompeuse dans la politique congolaise. Avec une mission de plus de 20 ans sur le sol congolais, les Nations Unies sont les premiers à se trouver dans cette équation diplomatique. La République Démocratique du Congo, pays baigné par un courant du nationalisme hérité des pères de l’indépendance et alimenté par le sacrifice d’un président assassiné sur son lieu de travail, la RDC, disions-nous, est au carrefour d’un choix pour une entrée mesurée sur la scène internationale. S’il ne s’agissait que de lui-même, le congolais allait vivre chez lui tranquille, mais poussé par des circonstances crées par un système international de prédation et une gouvernance parfois douteuse, il fut obligé d’aller querir ailleurs son destin et devenir la cible de tous les extrémismes des pays voisins ou lointains. La diplomatie congolaise menée par un homme hors pair a pris le taureau par les cornes pour puiser en lui-même l’énergie nécessaire et aller à contre-courant dans un monde de résignation face à la Loi du plus fort. La République Démocratique du Congo s’est choisi le chemin le plus difficile, mais le plus digne, celui d’une politique d’auto détermination dans un contexte de crise économique mondiale. Face à ce postulat, le vice premier ministre et ministre des affaires étrangères a pris le bâton de pèlerin pour aller désamorcer là où c’était nécessaire les complots, pour rassurer les partenaires, et surtout pour dénoncer des politiques privées ayant pris des allures d’Etat dans des contextes suspects. Avant que la poussière ne monte, celle des remises en question et des offres multiples, Géopolis Hebdo revient sur quelques textes, qui ont chacun un lien avec cette vision décelée, mais qui en apparence pouvaient paraitre protocolaires. Les victoires de la diplomatie congolaise sont à l’évidence le fait que ce pays menacé de balkanisation est encore en un seul morceau et plus que déterminé à défendre son indépendance.

Destinations clés et rencontres au sommet signalées

Addis-Abeba: un message spécial du Président Joseph Kabila remis au Président de l’Union Africaine, Moussa Mahamat Fakhi

48 heures après avoir délivré un message spécial du Président Joseph Kabila au Secrétaire général des Nations Unies à New York, c’est dans un autre haut lieu du multilatéralisme mondial à savoir Addis Abeba, capitale de l’Union Africaine que le Vice-premier Ministre, Ministre des Affaires Etrangères et Intégration Régionale, Léonard She Okitundu a procédé à un exercice similaire le dimanche 3 juin 2018, auprès du Président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Fakhi Mahamat.

Comme à New York, la teneur du message du Raïs Congolais au Chef de l’Exécutif africain n’a pas été révélée.
Cependant pour les observateurs et analystes avisés sur la RDC, d’aucuns y voient au vu de deux hauts destinataires des messages présidentiels, la trame de la question de la visite conjointe projetée de deux patrons d’institutions internationales, les Nations Unies et l’Union Africaine.

A ce sujet, selon des sources proches de l’entretien, la question a bel et bien été abordée entre les deux hommes d’Etat. Sur ce point le numéro un africain a défini le substrat de cette initiative conjointe, dont le but est de responsabiliser le leadership africain dans les questions continentales afin d’éviter que certains partenaires étrangers ne viennent de manière cavalière s’immiscer dans les affaires africaines sans mandat.

Il a rappelé que, c’est dans le même esprit que le Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union de juillet 2017 avaient condamné la pratique des sanctions unilatérales contre des pays et personnalités africaines par des pays et partenaires extracontinentaux. Cette initiative est donc voulue comme une appropriation africaine de la solution en RDC.

Le Chef de l’exécutif africain a salué les avancées dans les préparatifs des élections et renouvelé la disponibilité de son institution à accompagner le processus politique en RDC pour des élections crédibles, apaisées et transparentes.

Après 72 heures, l’envoyé spécial du Président Kabila en la personne de Léonard She Okitundu, aura porté la voix de la RDC auprès des institutions internationales dûment saisies de la question de la RDC notamment au Conseil de Sécurité et le Conseil de paix et sécurité africain.

Les pendules sont donc remises à l’heure à l’international par Kinshasa.

Moscou – Kinshasa : Un envoyé spécial du Président Vladimir Poutine à Kinshasa

C’était à 12 heures mercredi 6 juin 2018 dernier que le jet aux armoiries de la Fédération de Russie s’est immobilisé sur le tarmac de l’aéroport de N’djili avec à son bord la forte délégation russe menée par un envoyé spécial, porteur d’un message du Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine à son homologue Congolais, Joseph Kabila Kabange. En effet, Moscou avait délégué à Kinshasa comme envoyé spécial en RDC, un de ses meilleurs diplomates en la personne du vice-ministre des affaires Etrangères, Mikhail Bogdanov accompagné des directeurs Afrique de son ministère et des responsables de certains services spécialisés russes. La délégation a été accueillie au salon officiel de Ndjili par le vice-ministre des Affaires Etrangères, Agée Matembo Toto.
Première étape comme il est de coutume pour les envoyés spéciaux porteurs de messages présidentiels, des consultations au Ministère des Affaires Etrangères.

Au cours de cette rencontre bilatérale entre Moscou et Kinshasa, Léonard She Okitundu, Vice-premier Ministre, Ministre des Affaires Etrangères et Intégration Régionale et Mikhail Bogdanov, vice-ministre des Affaires Etrangères russe ont brossé le tableau de la coopération bilatérale et discuté sur plusieurs sujets d’intérêt commun.

Excellence des relations russo-congolaises qui s’intensifient

Sur le plan diplomatique et politique. Les deux délégations ont salué l’excellence des relations privilégiées entre les deux pays dont une intensification est remarquable depuis la visite à Moscou en mars 2017 du Vice-premier Ministre Congolais qui rencontra son homologue Serguei Lavrov. Pour Mikail Bogdanov, la visite d’un émissaire russe en ce moment est à expliquer par la volonté ferme de Moscou d’accentuer le partenariat stratégique avec la République Démocratique du Congo, un pays qui compte dans le continent africain.

Convergence de vues internationales et condamnation de l’unilatéralisme

Moscou s’est révélée reconnaissante des prises de position de Kinshasa sur des dossiers sensibles internationaux notamment au Conseil de Sécurité des Nations Unies et au Conseil des Droits de l’Homme dont la RDC est membre pour un mandat de deux ans. She Okitundu a pour sa part salué le « rôle positif » joué par la Fédération de Russie au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur le dossier Congolais en prenant régulièrement position pour la défense de la souveraineté et l’intégrité de la RDC. Les deux ministres ont décidé d’approfondir le dialogue bilatéral sur les positions internationales afin de rapprocher leurs vues.

Concernant l’unilatéralisme de certains pays et partenaires, la RDC et la Russie ont rejeté les pratiques inacceptables de sanctions individuelles et économiques de certains pays à l’égard d’autres et condamné les politiques de « deux poids, deux mesures » que ces partenaires appliquent graduellement selon leurs intérêts dans certains pays au mépris de la défense de la démocratie et des droits de l’Homme dont ils se font pourtant les parangons.

Moscou salue les avancées du processus électoral

Sur le registre politique, Moscou salue les avancées du processus électoral en RDC et salue la position de Kinshasa de financer les élections sur fonds propre. Pour elle, les élections sont une affaire Congolaise par les Congolais. Mikhail Bogdanov a confirmé le soutien et l’accompagnement multiforme du Président Vladimir Poutine à la bonne réalisation du processus politique Congolais en cours.

Sur cette question, She Okitundu a affirmé que contrairement à la fausse propagande de certains partenaires internationaux qui veulent instrumentaliser désormais des pays africains dans le processus Congolais, toutes les étapes requises du calendrier sont dûment remplies et les élections sont un processus irréversible en RDC.

Ebola,Economie,bourses

Economiquement, la Russie apprécie l’accompagnement des autorités Congolaises dédié à certaines sociétés russes désireuses d’investir en RDC notamment Gazprom et ICT dans les domaines des mines, de l’agriculture, de la banque et des assurances. Kinshasa a promis de concrétiser les projets ciblés par ses entreprises russes afin de garantir une attractivité des investissements russes en RDC.

Moscou a en outre exprimé sa disponibilité à aider la RDC à faire face à la résurgence de la maladie Ebola en envoyant des spécialistes sur place, des vaccins et autres matériels médicalisés. Kinshasa a donné son quitus.   Sur le plan scientifique, She Okitundu a plaidé pour une augmentation du quota des bourses d’études accordées aux étudiants Congolais, Bogdanov y a donné son accord de principe.

Prochaine étape, une audience prévue avec le Président Joseph Kabila Kabange au cours de laquelle le message spécial du Président Vladimir Poutine dont teneur n’est pas connu à ce stade, sera divulguée à son haut destinataire.

Une chose est bien sûre, la Fédération de Russie, pays membre permanent du Conseil de Sécurité, par le calibre de  son envoyé spécial et le modus operandi utilisé, apporte un soutien diplomatique de taille à Kinshasa en ce moment crucial du processus politique en RDC.

CEEAC- Gabon: un envoyé spécial du Président  Kabila au Président du Gabon et de la CEEAC

C’est aux petites heures du matin vendredi 15 juin 2018 dernier que l’aéronef transportant l’envoyé spécial du Président de la République, Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange, le Vice-premier ministre des Affaires étrangères et intégration régionale, Léonard SHE OKITUNDU s’est immobilisé sur la piste de l’aéroport Léon Mba de Libreville au Gabon. Au pied de l’avion, le Ministre d’État des Affaires Étrangères de la République Gabonaise Régis Immongault Tatangani est là pour accueillir son homologue, signe de l’excellence de la relation fraternelle traditionnelle qui existe entre les deux pays.

Si tôt les salutations, le cortège se dirige au Palais présidentiel dit le Palais d’Eboue ou de la lagune qui surplombe la côte atlantique de Libreville.

Le président Ali Bongo Ondimba prend acte des avancées du processus  électoral et promet l’accompagnement de la CEEAC

Au cours de l’entretien, le  Vice-premier Ministre Okitundu a dûment briefé le Président Ali Bongo Ondimba en sa qualité de Président en exercice de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale sur la situation politique et l’évolution du processus électoral après que toutes les étapes institutionnelles aient été remplies pour la tenue des scrutins  à l’approche imminente des dépôts de candidatures.

Pour SHE OKITUNDU, «les élections sont entrées dans la dernière ligne droite» et «il n’y a plus de place pour le climat de suspicion permanent sur la RDC concernant les élections». Selon lui, seuls ceux qui ne sont pas prêts à aller aux élections développent des subterfuges tant sur le fichier électoral pourtant audité par l’organisation internationale de la francophonie, «signe de transparence de la Ceni» et la machine dite à voter, simple mécanisme d’impression des bulletins de vote qui n’a rien à avoir avec le vote électronique et permettant une économie considérable du budget électoral.

Le président en exercice de la CEEAC a pris bonne note et a salué les avancées du processus électoral tout en promettant un accompagnement  de l’organisation sous régionale dans la conclusion du processus électoral. Il avait promis, en marge du sommet de l’Union Africaine de fin juin dernier, de placer à l’ordre du jour de la concertation traditionnelle des chefs d’État et de gouvernement, un point d’information sur les avancées du processus électoral pour que la CEEAC l’accompagne positivement.
Débutée en présence des délégations bilatérales  respectives, l’audience s’est poursuivie en tête-à-tête entre le Chef d’État gabonais et l’envoyé spécial du Président Kabila pour la transmission du message présidentiel du raïs congolais. La teneur de ce message n’a pas été relevée.
Le huis clos passé, les deux ministres se sont livrés aux questions des journalistes dans la salle de presse présidentielle où ils ont salué l’excellence des relations bilatérales et l’engagement du Président Ali Bongo Ondimba En sa qualité de président en exercice de la CEEAC a accompagner la RDC dans cette étape politique cruciale.

À la fin de cet exercice, l’envoyé spécial du Président Joseph Kabila a regagné Kinshasa en fin de matinée pour assurer le bon fonctionnement gouvernemental en sa qualité de Premier Ministre, Chef du Gouvernement ad intérim.

Conseil des Ministres européens sur la RDC : L’Europe change de ton et appuie Kinshasa

Lors de la rencontre du 28 mai 2018 à Bruxelles des 27 ministres des Affaires Etrangères de l’Union Européenne, Gaza, Venezuela, Iran et RDC étaient au menu. A la grande surprise alors que l’ONG EURAC basée à Bruxelles sollicitait des sanctions additionnelles sur les responsables Congolais, c’est une Federica Mogherini, Vice-président de l’Union Européenne et Haute Représentante aux Affaires Etrangères, rassurante sur la RDC qui a fait le compte-rendu en affirmant que « l’UE travaillait en coordination avec l’ONU et l’Union Africaine pour encourager et accompagner le processus électoral en RDC ». Elle a en outre affirmé qu’elle souhaitait que « les élections soient crédibles et inclusives ». Fini donc les remontrances ou diktats européens made in Belgique qui selon des sources de cette réunion n’a pas osé mettre de l’huile sur le feu car sa relation avec Kinshasa est déjà très délicate après les mesures de rétorsion prises par la RDC à son encontre (Fermeture Maison Schengen, Baisse vols SN Brussels, Fermeture Consulat Lubumbashi et du bureau Enabel…).

Pour certains analystes, les avancées réelles du processus électoral saluées tant par la SADC que l’ONU récemment y sont pour beaucoup mais aussi la fermeté de Kinshasa qui demeure ferme sur sa souveraineté. Un diplomate européen ajoute comme confidence que Mogherini et Okitundu se sont parlé durant le début du mois de mai et que la conversation a été saluée des deux parts et qualifiée de constructive. She Okitundu serait attendu par Mogherini très prochainement..  L’Europe semble mieux comprendre Kinshasa…

Dossier de Georges Kisapindu et de Robert Tanzey

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