Les leaders de la plateforme Lamuka vont-ils faire cavalier seul dans les jours à venir ? Les poids lourds de cette coalition passée de mouvement électoral en mouvement politique ne semblent plus émettre sur la même longueur d’ondes. A 5 jours du retour annoncé de Moïse Katumbi, son coordonnateur actuel, Jean-Pierre Bemba, autre leader de la coalition a aussi fait part de son retour imminent (dans trois semaines). Les deux hommes politiques ont annoncé une tournée, chacun de son côté. Pendant ce temps, Fayulu poursuit aussi sa lutte pour faire reconnaitre « la vérité des urnes » par la multiplication des meetings, comme c’est le cas depuis février dernier. Il va sans dire que ces acteurs politiques jouent d’abord chacun sa carte personnelle avant de coaliser leurs forces dans leur plateforme. Il faut dire aussi que si chez le président de l’Engagement citoyen pour le développement (Ecidé), et peut-être chez Adolphe Muzito, on ne jure que par le respect de la vérité des urnes, chez les deux autres tenants de Lamuka, la priorité est donnée à ce qui va venir, à l’avenir. Or l’avenir c’est le leadership de l’opposition, le tout dans la perspective des échéances électorales de 2023. Les leaders réunis dans Lamuka ont dans un coin de la tête les batailles futures. Il leur faudra, reconquérir leur électorat respectif avant de descendre dans l’arène en 2023. Vraisemblablement, le terrain sera plus compliqué qu’il ne l’a été en 2018 : Il y aura le camp de Joseph Kabila, lequel lorgne sur cette perspective, il y aura la coalition Cap pour le changement qui voudra bien rempiler avec Félix Tshisekedi ou Vital Kamerhe, il y aura sûrement, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et peut-être Adolphe Muzito, sans compter aussi les illustres inconnus qui surgissent au dernier moment.
Pour un tableau aussi embrouillé et incertain, rien de tel que de marquer son territoire maintenant. Pour Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, le retour prendra les allures de l’opération de reconquête : les deux n’ont plus affronté les urnes depuis plus de dix ans. Pendant que Martin Fayulu annonce « l’imminence des actions d’envergure », les deux autres leaders, écartés de la présidentielle de décembre dernier, ont acté la défaite de leur candidat. Si de son côté, le président de « Ensemble pour le Changement » a fait savoir qu’il va sillonner les provinces de la RDC pour « remercier le peuple congolais qui l’a soutenu pendant ses années d’exil, l’ancien gouverneur ne va pas manquer cette occasion pour poser les bases d’une vraie bataille. Ainsi qu’il a dit lui-même lors de l’interview qu’il a accordée à France 24 et à Rfi, « il rentre pour faire d’Ensemble pour le changement une grande force politique ». Et l’ancien gouverneur d’insister : « ce qui est important, c’est l’avenir ». Pas un mot sur le combat des élections 2018 cher à Martin Fayulu et Adolphe Muzito. « En homme pragmatique », il dit venir, pour défendre la population Congolaise. Tout est dit.
Jean-Pierre de son côté veut aussi faire le tour des provinces à son retour. Visiblement encore populaire, comme en témoigne son bain de foule en août dernier, cet homme politique a certainement à cœur de retrouver les premières places squattées par d’autres hommes politiques durant ses années de détention à la Haye. L’ancien vice-président ne voudra plus se contenter de rester dans l’ombre d’un autre. Bemba Gombo se posera donc comme une alternative à Félix Tshisekedi. Pour lui comme pour Katumbi, c’est vivement les prochaines échéances. Et les combat pour faire reconnaitre la victoire de Fayulu aux élections de 2018 sont maintenant un souvenir pour eux.
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com