Comme un tonnerre, les propos du président de la chambre haute du Parlement congolais, Léon Kengo wa Dondo, ont frappé le microcosme politique au point que des réunions de crise furent organisées pour évaluer la nature et l’étendue des éventuels dégâts que lesdits propos sont à même de produire dans l’espace politique. Au-delà des réactions épidermiques qui ne manquent pas, il existe une vraie énigme dans cette prise de parole, énigme qui remonte aux mystères qui entourent depuis des décennies ce personnage public. Un seul mot peut expliquer ce que représentent ces propos : « liberté de pensée et action concertée ». Au cœur de cette séquence, il y a un préalable à la construction du leadership national, c’est-à-dire des hommes libres capables de garder leur liberté d’expression mais de toujours assumer leurs actes. Rien dans les actes de Kengo ne prête à confusion. L’homme d’Etat congolais assume sa signature. Il est membre du Front Commun pour le Congo (FCC), mais il est par essence philosophique un homme libre, de ses pensées et libre de son expression. C’est en cela que se situe peut être le malaise des « soldats » politiques qui voient en lui un « rebelle » à la discipline de groupes. Il convient de relativiser ses propos et de construire autour d’eux une citadelle de tolérance car, verser le président Kengo et ses propos à l’autel de la diabolisation, ce serait faire preuve de grande intolérance. Kengo Wa Dondo a réussi pendant toutes ses années à développer une force de régulation du centre droit en politique. Entre les extrêmes de l’Opposition et de la Majorité Présidentielle (MP), il a offert une Opposition Républicaine (OR), qui est mal vendue, mal comprise et parfois, mal assumée, mais une force qui manque cruellement au pays. Dans les lignes qui suivent, l’essentiel de ses déclarations et les réactions.
Désignation du Candidat FCC
Alors que tous les caciques du Front Commun pour le Congo ont annoncé leur soutien à Emmanuel Ramazani Shadary comme candidat président de la République, Léon Kengo wa Dondo a quant à lui décidé de tracer son propre chemin au sein de cette méga-plateforme dont l’autorité morale est Joseph Kabila. « J’ai signé la charte du FCC mais je ne suis pas obligé de choisir Emmanuel Ramazani Shadary comme candidat Président de la République », a déclaré le N°1 du sénat. Cet ancien Mobutiste révèle par ailleurs que lui et son parti politique choisirons leur candidat au moment opportun « j’ai signé la charte constitutive du Front commun pour le Congo mais je suis libre », a-t-il insisté.
Toujours sur le choix par le Chef de l’Etat de Shadary, Léon Kengo souligne que l’élection c’est d’abord le rendez-vous entre un homme et son peuple quel que soit son mode de désignation. «Il ne vient pas orphelin dans cette élection, il a un père qui l’a présenté et qui va le soutenir. L’élection c’est un homme devant son peuple, même si le président l’a désigné ça peut ou ne pas aller », a expliqué le speaker de la chambre haute du parlement.
Candidature de Jean-Pierre Bemba et celle de l’opposition
Au sujet de la candidature de Jean-Pierre qui fait actuellement polémique, Léon Kengo n’est pas allé par quatre chemins donner le mérite au président du Mouvement pour la libération du Congo (MLC). Pour lui, « Jean-Pierre Bemba, de par son père est un peu mon fils, il a le profil et apte pour se présenter à la présidentielle ». Kengo wa Dondo s’est montré très sympathisant avec Jean-Pierre Bemba « j’ai été heureux de son acquittement. Je considère que c’est bien qu’il puisse entrer dans cette course électorale et il a le profil que j’estime apte à se présenter à l’élection présidentielle », a fait savoir le président du sénat pour qui « la candidature de Jean-Pierre Bemba ne pose aucun problème du point de vue juridique.
Quant au débat sur la candidature commune de l’opposition, Léon Kengo wa Dondo s’est déclaré optimiste « moi j’y crois, si les opposants veulent sortir gagnant, ils doivent se mettre tous ensemble », a –t-il précisé. Pour le speaker de la chambre haute du parlement, la seule manière ou possibilité pour l’opposition dans son ensemble de remporter les élections, c’est de se mettre autour d’une table et désigner un candidat commun. « Il faut que l’intérêt général passe avant l’intérêt personnel ; je sais que les négociations sont difficiles parce que chacun veut être candidat. Mais si tout le monde se met ensemble, je suis sûr qu’il y aura cette fois-ci, une alternative », a-t-il souhaité.
Le retour de Katumbi et la décrispation politique
Le président du Sénat a aussi passé au peigne fin le cas de Moïse Katumbi, président de la plateforme Ensemble pour le changement qui peine à regagner le pays à cause des ennuis judiciaires. Léon Kengo plaide pour le retour immédiat du président du Tout puissant Mazembe qui est aussi candidat déclaré à la présidentielle du 23 décembre 2018. Le N°1 de la chambre haute du parlement veut une élection inclusive avec la participation de toute la population. « Personne n’a le droit de priver ce fils du pays à prendre part active à ce processus électoral », a martelé Léon Kengo pour qui le pouvoir doit tout faire pour faciliter le retour et au besoin, il pense même à l’amnistie et à la libération des prisonniers politiques conformément à l’accord de la saint sylvestre.
Quid de la machine à voter de la CENI
Au sujet de la machine à voter préconisée par la Commission Electorale Nationale Indépendante, le président du Sénat estime que s’il y a beaucoup des contestations sur cette machine, elle doit être auditée. « Si tout le monde dit qu’il y a un risque de désorienter les électeurs, il faut suivre. Je suis favorable à un audit parce que trop de critiques tue l’élection », a affirmé Léon Kengo.
Théodore Ngandu

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com