Avocat, Ecrivain en philosophie politique, spécialiste de droit privé, étudiant en 3ème cycle de droit international (droit de l’homme), Secrétaire général de l’Union de Libéraux Démocrates Chrétiens, communicateur de la Majorité présidentielle et porte-parole de la plateforme électorale Alliance des Bâtisseurs pour un Congo Emergent, Guillaume Manjolo dispose d’un profil qui lui permet d’aborder aisément la quasi-totalité des grandes questions qui font la Une de l’actualité en République Démocratique du Congo.
Avec sa diction parfaitement maitrisée, l’homme politique n’a nullement eu l’intention d’esquiver une seule question de Géopolis qui le rencontre dès les premières heures de la matinée hier jeudi dans son cabinet privé de Kinshasa. La disqualification des candidatures de certaines personnalités aux prochains scrutins, l’avenir politique de sa plateforme électorale et de sa propre formation politique sont des préoccupations abordées au cours de cet entretien.
Dans l’opinion, l’homme est vu comme l’un des communicateurs redoutables de la Majorité présidentielle. Un personnage au langage plutôt pondéré, Guillaume Manjolo ne transige pas surtout sur des questions de droit. Quand il aborde le premier dossier concernant l’invalidation des candidats présidents de la République, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito et Jean-Paul Moka, Guillaume Manjolo a du mal à faire distinguer sa casquette du juriste et d’homme politique qu’il est, parce que pour lui, « là où commence le droit, s’exerce le droit. » Une conception de la chose qui définit même le personnage.
Dans son entendement, le parcours de Jean-Pierre Bemba en tant qu’ancien Vice-président du pays et Sénateur lui impose des obligations vis-à-vis des lois de la République. « Le respect de loi à ce niveau-là, est une chose qui est nécessaire pour la santé de notre démocratie. Etre focalisé sur ses sentiments propres parce qu’on a des frustrations qui peuvent être légitimes ne suffit pas. Il faut faire la part des choses entre les actes politiques que nous posons et ce que dit la loi pour réguler la société », fait-il remarquer après les accusations de Jean-Pierre Bemba et de son parti sur les allégations d’ingérences du pouvoir dans les affaires judicaires.
Farouche opposant au culte des personnalités noté ici et là sur la scène politique congolaise notamment le cas de Jean-Pierre Bemba présenté comme faisant partie des opposants les plus sérieux au régime de Joseph Kabila, Guillaume Manjolo rappelle la notion de l’égalité de tous devant la loi. « On a starifié les gens dans ce pays. On parle du principe que les règles de la République doivent s’abaisser lorsqu’il s’agit d’une personnalité qui, au sortir de la guerre, avait une position tiré de sa puissance militaire ou bien d’une personnalité qui a géré un département en amassant énormément d’argent et par conséquent, ça devient la référence. Non, la loi c’est la loi », tonne l’ancien diplomate.
Se basant sur sa propre expérience de 2011 où sa requête en contestation des résultats aux législatives nationales devant la Cour suprême de Justice avait été déboutée pour défaut de qualité de l’auteur de la requête, ce membre de la Majorité présidentielle fait remarquer que son appartenance au pouvoir n’a pas empêché les juges de ne dire que le droit. Pour lui, la dimension politique des décisions de la Cour constitutionnelle mise en avant par le MLC notamment ne peut tenir dans la mesure où certains candidats de l’opposition mise à l’écart par la CENI ont été repêchés par la haute Cour malgré des déclarations controversées proférées en l’encontre des autorités en place.
Au sujet de l’avenir de sa plateforme électorale ABCE, Guillaume Manjolo confirme l’alignement de plus de 714 candidats pour la députation provinciale et 500 pour les législatives nationales. Une autre façon pour lui de confirmer l’encrage nationale de la coalition. Forte de ses 20 formations politiques, l’Alliance de Bâtisseurs pour l’Emergence du Congo compte aussi de personnalités importantes en son sein parmi les quelles, des anciens ministres, des députés et d’autres qui ont assumés des fonctions tant dans les secteurs public que privé. Un atout mais aussi une faiblesse pour l’unique plateforme électorale de la Majorité présidentielle dont l’un des Vice-présidents a créé la sensation en déposant sa candidature à la présidentielle contrairement à la charte du Front Commun pour le Congo.
Malgré ce faux qui semble avoir écorné l’image de la coalition, Guillaume Manjolo ne croit pas à l’affaiblissement de l’ABCE.
« Selon notre règlement, pour faire partie de l’ABCE, il faut être membre de la MP. Kin Key Mulumba l’est. La convention de Kingakati dit que les membres de la MP créent des regroupements entre eux pour maximiser les chances de remporter les élections », s’emploi-il à rappeler avant de souligner que lors d’une rencontre dans la ferme présidentielle, Joseph Kabila en tant qu’Autorité morale de la MP a sorti l’idée de créer le FCC, une « plateforme nationale qui est une sorte de rempart qui garantit la souveraineté de la République. »
Respectueux des textes et des libertés individuelles, l’avocat estime que la candidature de l’ancien ministre, Kin Key Mulumba n’était qu’un acte isolé de la volonté commune du groupe qui avait par ailleurs pris la décision de suspendre le leader de la formation politique, Kabila Désir du regroupement. Solidaire à la ligne politique édictée par le Chef de l’Etat concernant les élections, Guillaume Manjolo précise que toutes les batteries sont en marche au sein de l’ABCE en vue de concourir aux prochains scrutins.
Concernant la démission du député national Zacharie Bababaswe du parti ULDC, l’homme révèle qu’une lettre a été transmise au président de l’Assemblée nationale pour obtenir son remplacement conformément à la loi.
José-Junior Owawa

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com