A moins de 50 jours de la tenue des élections, les quartiers généraux des partis politiques ne désemplissent plus. Cadres et militants vivent dans la fièvre des élections. Le Front Commun pour le Congo n’est pas en reste quant à cette logique. La plateforme qui se sent pousser des ailes depuis son meeting réussi du 27 octobre, parle même d’une « indication » qui ne saurait se démentir le jour du vote. Dans la foulée de ses activités politiques, le FCC a mis les petits plats dans les grands pour se préparer à la campagne électorale à venir. Alors que la coalition a rendu publique sa structure de l’équipe de campagne électorale, ils sont plusieurs dans l’opinion à voir dans la composition de cette équipe une force inégale par rapport aux autres challengers de Shadary à la présidentielle, tellement l’armada mise en place par le FCC est impressionnante. Mais pour Lambert Mende, cadre de cette famille politique, tout ceci est de bonne guerre. Le ministre de la communication estime que les jérémiades des uns et des autres sont en réalité une volonté qui vise à jeter un discrédit sur « une famille politique qui vole vers la victoire ». Interview exclusive

Monsieur le ministre vous êtes nommé dans cette équipe du candidat Shadary, mais une certaine opinion se lève, disant que c’est devenu maintenant un parti-Etat. Parce qu’on y voit toutes les institutions représentées. Qu’en dites-vous ?

C’est totalement insensé dans la mesure où la participation d’un parti à un regroupement politique ou à une plateforme électorale est un choix personnel des individus. La seule chose qu’il faut vérifier, c’est s’il n’y a pas incompatibilité entre la fonction qu’on exerce et l’appartenance à un parti. On peut même se poser la question de savoir d’où viendrait la justification que, comme membre du gouvernement, je serai autorisé à faire campagne pour moi-même comme candidat-député mais qu’il me serait interdit de faire campagne pour quelqu’un dans les idées duquel je crois et qui serait candidat-président de la république. Je ne comprends pas la rationalité de ces critiques-là. Il nous est permis de faire campagne. Il n’y a aucune incompatibilité au regard de la loi congolaise, comme membre du gouvernement, et donc, je ne comprends pas le sens de cette polémique, sinon la volonté de discréditer une famille politique qui semble voler vers la victoire, ce qui gêne ceux qui sont dans l’opposition, ce qui, disons-le, est de bonne guerre.

L’opposition estime que c’est quand même une forme de bataille inégale parce que les membres du gouvernement vont utiliser les moyens de l’Etat pour faire campagne contre ceux qui n’ont pas les mêmes moyens…

Il ne suffit pas d’affirmer une chose, de proférer une accusation pour qu’elle soit avérée. Encore faut-il en apporter les preuves. Je ne vais pas, moi, me lancer dans une digression pour me défendre de ne pas avoir mal agi ou défendre les ministres qui sont au Front Commun pour le Congo engagés dans la campagne pour le candidat Emmanuel Shadary pour prouver qu’ils n’ont pas mal agi. C’est à ceux qui estiment qu’il y a probablement des actes d’indélicatesse de gestion à en apporter la preuve. Donc je ne comprends pas très bien la rationalité encore une fois de ces élucubrations-là, puisque la loi nous autorise à aller aux élections sans perdre nos mandats. La loi nous autorise à présenter nos candidatures et à battre campagne en gardant nos fonctions. Au moment où nous parlons, vous avez dans un pays comme les Etats-Unis d’Amérique, le président Trump, qui est président des Etats-Unis, est en train de battre campagne pour tous les candidats sénateurs ou députés républicains parce que telle est la loi américaine. Comme vous avez à Madagascar, pour un président qui veut aller aux élections, l’obligation de démissionner d’abord parce que telle est la loi à Madagascar. Alors, ici nous parlons de quoi ? Nous parlons des états d’âme de l’opposition ? Ou nous parlons des lois que le peuple congolais s’est données. Moi je préfère que l’on nous accuse sur base de la violation des lois que le peuple s’est données. Et au regard de ces lois, qu’on me dise laquelle a été violée, là je pourrai répondre ! Sinon pour les restes, les états d’âme des uns et des autres, qui voient se profiler à l’horizon leur échec, sont sans intérêt pour moi et pour le public.

Monsieur le ministre, quelle a été la philosophie générale de la mise en place de cette équipe. Elle est quand même costaud. Elle va dans tous les sens, avec toutes les grandes personnalités. Quelle a été la philosophie générale de sa mise en place?

Un candidat président de la république doit se donner toutes les chances de mettre la majorité des populations, des composantes de la société, parce que c’est une élection présidentielle au suffrage direct, il doit se donner donc toutes les chances d’avoir la majorité du corps électoral derrière lui. C’est cette stratégie qu’Emmanuel Ramazani Shadary a préférée, en ratissant large et même très large. Nous n’allons pas nous en expliquer. Nous n’allons pas nous en excuser. C’est ça notre stratégie. Si les autres ont cru qu’il suffisait d’aller battre le pavé dans les chancelleries étrangères ici à Kinshasa, d’aller à Bruxelles ou à New York, d’aller dans les rédactions ou les studios de certains médias pour amuser la galerie, tel n’est pas notre vision à nous. Nous, nous ratissons large au sein du corps électoral, c’est-à-dire de celles et de ceux qui vont devoir faire la décision le 23 décembre. C’est ce que Shadary a fait. Personne n’a le droit de lui en faire grief.

En tant que membre du gouvernement, pensez-vous que celui-ci tiendra ses promesses pour que la date du 23 décembre puisse être respectée en ce qui concerne la mise à disposition des moyens à la CENI ?

Je pense que la CENI a déjà répondu à cette question qui revient aussi tout le temps dans les réseaux sociaux. Le gouvernement a déjà tenu ses promesses. Le gouvernement suit la mise à la disposition de la CENI des moyens selon un plan de décaissement qui a toujours été respecté rubis sur l’ongle. Au moment où nous parlons, la CENI avait besoin de 500 millions pour financer la partie 2018 des dépenses électorales, la CENI a reçu près de 73% de ce montant. Dans les deux mois qui nous séparent des élections, elle recevra les 18% qui restent selon le plan de décaissement qui a été convenu entre le gouvernement et la CENI. Donc c’est un faux débat que l’on essaie de jeter en pâture comme ça à l’opinion et nous sommes fière d’être parmi les rares pays en Afrique à avoir financé nos propres élections et nous avons reçu les félicitations de nos homologues de la SADC lors des plusieurs réunions de cette organisation régionale.

Propos recueillis par WAK et texte, Patrick Ilunga

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