Alors que d’autres à sa place auraient craqué, le Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC) post-alternance qui est serein, plus d’un mois depuis sa nomination à la Primature, n’a toujours pas d’équipe à présenter à la nation Congolaise et surtout, à l’investiture à (par) l’Assemblée Nationale comme le veut la tradition avant qu’elle entre en fonction. Les jours passent et la machine Front Commun pour le Congo (FCC) – Cap pour le Changement (CASH) semble être à la fois sous les feux de la spéculation et de la rumeur. Personne ne prend la peine d’expliquer à l’opinion de quoi il retourne. Mais ce qui est épatant dans ce dossier, c’est le silence du premier concerné, le professeur Sylvestre Ilunga Ilunkamba est resté silencieux. Aucune déclaration, aucun tweet, voire mêmes propos off record. Il sait que cette partition est entre les mains de la coalition (FCC – CASH) et dans cette séquence, son silence est la preuve de sa maturité politique assumée. Homme d’expérience, il doit s’être dit qu’il ne devait pas, à l’euphorie générale, augmenter la nervosité de l’attente. Attendre que les politiques aboutissent à une formule qui soit à égale distance de chaque ambition et chaque poids politique, c’est apparemment la donne du moment.

Le nouveau locataire de la Primature montre par son silence qu’il respecte les éléments intervenant en amont et attend sa séquence qui interviendra après l’investiture du Gouvernement de la République à la chambre basse du Parlement. Comment faire pour que les choses aillent vite ? Il ne peut rien faire qu’attendre, c’est à la classe politique réunie au sein de la coalition de ressentir l’urgence qu’il y a à doter le pays d’une équipe gouvernementale et de mettre tout le pays au travail.

Le Premier ministre est ce capitaine qui attend ses coéquipiers sur terrain avant le lancement du coupon de sifflet du démarrage du match. Le pays a besoin d’une équipe gouvernementale qui se réunit régulièrement et qui canalise les aspirations des masses laborieuses, et qui les transforment en activités de vie et de survie.

Ilunga Ilunkamba, en homme d’expérience, sait que bientôt la pression sera sur ses épaules, que le pays qui regarde aujourd’hui au Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo avec un florilège des revendications, va tourner vers lui avec des attentes immenses.

Le silence du Premier ministre à ce stade est une grande preuve de sa maîtrise de la nomanclatura politique. Entre temps, des industriels de la fabrication de la fausse information sont en pleine activité et chaque jour qui passe, des chiffres sortent, des correspondances intra-institutions sortent sur la place publique et sont consommées sans leur contexte de production. Des ministres ad intérim prennent des décisions avec l’intime conviction que le successeur de Bruno Tshibala Nzenzhe aura tôt fait de les reporter. Quant aux services de l’Etat, ceux-ci sont opérationnels et tournés vers la satisfaction des individus. Comme les sujets prioritaires sont mélangés aux sujets ordinaires, il est difficile de joindre l’action de l’Etat à la morale publique. C’est pourquoi, le Premier ministre, sitôt qu’il prendra possession de ses fonctions et qu’il aura les manettes de son pouvoir, il doit diligenter, au travers de la Cour des comptes et de l’Inspectorat Général des Finances, des contrôles de conformité face aux actes de gestion. Les mauvaises décisions prises par des personnes sachant être exemptes de redevabilité vont plomber son action et produire pour lui des avatars dans son système.

Le professeur Ilunga, avec le détachement qu’on lui connait, pourra concilier méthodes rationnelles et fermeté de décisions. La classe politique est ainsi avertie de l’arrivée bientôt du Premier ministre, qui n’est pas du tout accommodant d’avec la légèreté qui caractérise certains politiques qui croient que le poste occupé est une rente.

Demain, les défis à relever sont énormes. L’espoir que suscite le Président de la République doit partout être consolidé par des actions de terrain, par des réformes structurelles et par une lutte acharnée contre la corruption.

Pour l’instant, il prend le temps de construire, nous le pensons, les réponses aux problèmes multiples qui pèsent sur la nation. Le moment venu, le Premier ministre prendra, au nom du Gouvernement central, les décisions salutaires.

Robert Tanzey

 

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