Le député provincial Godefroid Mpoy, plus connu sous le nom de Pasteur Godé Mpoy, est le nouveau président de l’Assemblée Provinciale de Kinshasa (APK). Le président de l’organe délibérant de la ville-province de Kinshasa, qui est un élu de la circonscription électorale de Bandalungwa, avait postulé comme candidat du Front Commun pour le Congo (FCC). Dans son discours de circonstance le samedi 30 mars dernier, à l’occasion de l’ouverture de la session ordinaire de mars 2019, le président de l’APK a fustigé le budget de la ville estimé, selon lui, à moins de 500 millions de dollars américains. Pour Godé Mpoy, c’est impensable que la ville province de Kinshasa soit dotée d’un budget pareil. Dans la foulée, le président de l’APK a annoncé un contrôle drastique. « C’est pourquoi, préoccupé par cette triste réalité, un contrôle drastique sur les finances publiques et le fonctionnement de la ville sera organisé au cours des prochains mois. Ce contrôle sans complaisance sera réalisé pour nous faire une idée précise de la gestion de la ville de Kinshasa afin de prendre des dispositions utiles pour un éventuel réaménagement budgétaire », a déclaré l’honorable-Président Godefroid Mpoy au cours d’une interview exclusive accordée à Géopolis Hebdo. Pour ce faire, le président Godé Mpoy, en fervent chrétien, compte sur la grâce de Dieu, le soutien du Peuple et celui de la Loi malgré les menaces venant de partout (Interview). 

Géopolis Hebdo (GH) : Monsieur le Président, merci de nous recevoir chez vous. Nous voudrions savoir depuis que vous êtes élu au perchoir de l’Assemblée Provinciale de Kinshasa (APK), quelques semaines seulement après vous avez commencé déjà à bouger. Dites-nous un peu, quel est votre sentiment en ce jour ?

Godefroid Mpoy (GM) : Le sentiment que nous avons actuellement, c’est plus un sentiment de responsabilité et là je voudrais rappeler qu’au 16ème siècle, le mot ‘’responsable’’ signifiait ‘’répondre vis-à-vis des autres’’. Nous pensons que nous devons répondre, au nom de la population Kinoise, c’est pour cela que nous sommes en train d’indiquer la voie à suivre. Et tout celui qui ne suivra pas cette voie indiquée, il va rencontrer la ville sur son chemin. C’est pour cela que nous avons commencé d’abord avec les membres du bureau qui, à ce jour, ont déjà remis la quasi-totalité des véhicules et nous avons donné également des instructions précises par rapport à la cérémonie de remise et reprise entre l’Exécutif sortant et entrant. Nous avons attiré l’attention du gouverneur intérimaire de la ville-province de Kinshasa (Ndlr : Clément Bafiba Zomba) et de ses ministres provinciaux que le jour de la remise et reprise, tous les biens de l’Etat, notamment les véhicules de fonction, doivent faire l’objet de la remise et reprise le même jour. Nous soulignons aussi que toute désaffectation des biens du domaine de la ville faite contra legem est nulle et de nul effet sous le format de l’article 44 de la Loi portant principes fondamentaux de la libre administration des provinces. Parce que, en fait, selon une disposition de la loi que je rappellerais plus loi, « tout acte posé doit d’abord requérir l’avis de l’Assemblée Provinciale ». Comme il se trouve que certains ministres provinciaux, responsables de la ville et des services des TP s’octroient les biens de la ville au mépris de la loi, nous avons demandé à tous ces gens de ramener lesdits biens lors de la remise et reprise. Déjà ce jeudi 02 mai 2019, il y aura l’interpellation du ministre provincial des Finances, Economie, Commerce, Industrie, PME et Artisanat (Ndlr : Guy Matondo Kingolo) et le même jour, nous allons instituée une Commission qui sera chargée d’auditer la gestion antérieure de la ville-province de Kinshasa.

Monsieur le président, l’Assemblée provinciale de Kinshasa, pendant plus de huit (8) ans, est restée l’institution la plus faible de la ville. Aucune motion de censure, aucun ministre déchu de ses fonctions, le gouverneur André Kimbuta Yango n’a jamais été interpellé…, qu’est-ce qui peut nous prouver aujourd’hui que votre règne va être celui de la rupture ? Quels sont les éléments que vous avez en votre faveur pour nous montrer que la dynamique de la tolérance zéro totale face au mal ne va s’arrêter à mi-chemin ?

« Autre temps, autres mœurs », dit un adage. Je voulais vous dire que le système a des sous-systèmes. Il y a la structure et des sous-structures (les acteurs). Tant que je serais au perchoir, il n’y aura pas d’intouchables. Ça je peux vous le garantir. Nous ne le faisons pas de manière ostentatoire mais c’est par conviction que nous le faisons. Il est vrai que nous recevons beaucoup de menaces, nous n’allons pas reculer et nous allons tout faire pour identifier toutes les personnes qui sont derrière lesdites menaces afin de les déférer devant les juges. Nous ne pouvons pas accepter qu’une ville qui compte 12 millions d’âmes, notamment des professeurs d’universités, soient prise en otage par un certain groupe (de maffieux), des gens qui n’ont pas de culture développementaliste et qui pensent que la gestion se limite au vol et à la consommation de l’alcool tous les jours et chaque soir. Donc, nous sommes convaincus que Dieu va nous aider face aux gens qui nous promettent la mort. Nous croyons en Lui. Dieu ne peut pas protéger les prédateurs et nous abandonner. Déjà, dès demain (Lundi 29 avril 2019), nous allons déposer une plainte afin que ce groupe de malfrats soit identifié. Nous ne reculerons devant personne. Ça c’est la thérapeutique que nous pouvons donner aux Kinoises et Kinois. Nos actions sont chronométrées, nous avons commencé d’abord par la récupération des biens de l’Assemblée Provinciale et maintenant-là, nous sommes en train de veiller sur le fonctionnement de l’Exécutif Provincial. J’aimerais rappeler ici la triple fonction de l’Assemblée Provinciale : (1) légiférer, (2) exercer le pouvoir budgétaire et enfin, (3) le pouvoir de contrôle. La particularité de l’Assemblée Provinciale est qu’il y a des actes pour lesquels nous faisons un contrôle à priori. Ceux qui s’attaquent à nous n’ont pas de culture des vertus. Nous lisons les textes et tout ce que nous faisons est dans la loi, les gens doivent apprendre à savoir que l’Assemblée Provinciale, c’est la première institution de la ville. Tant que les députés provinciaux et la population me ferons confiance, il n’y aura plus d’intouchables dans cette ville. J’ai l’autorité de le dire !

Monsieur le président, c’est quand même une surprise pour beaucoup de gens. On vous reconnait comme un homme de Dieu, comme un scientifique et subitement, vous revêtez la carrure d’un politique confirmé, affirmé et même, engagé. Cette mutation-là, vous la gardiez sous le chapeau ? Qu’est-ce qui s’est passé réellement pour que vous décidiez finalement de vous lancer en politique ?

En fait, je me contentais de mes petites fonctions à la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA, ex OFIDA) où je fais carrière pendant vingt-cinq (25) ans. Je me contentais aussi de mon statut de consultant aux Nations Unies, et de professeur d’Universités aussi bien au pays qu’à l’étranger. Mais vu que le pays était mal géré et à ce titre-là, c’était être complice des prédateurs. C’est ainsi que j’avais levé l’option de m’engager dans la vie politique. Je ne dis pas que je suis plus fort que les autres mais je crois à ce que je fais. Je peux vous assurer, vous promettre que nous allons transformer cette ville et que les gens vont comprendre la vraie définition de la politique qu’il ne faut pas considérer comme un mensonge mais plutôt, la gestion de l’Etat. Et d’ailleurs, dans les pays normaux, notamment à l’Université d’Harvard, on appelle les sciences politiques, ‘’les sciences de l’Etat et du pouvoir’’.
Donc, c’était par révolte. On ne pouvait pas accepter qu’un pays qui regorge d’immenses richesses comme la République Démocratique du Congo (RDC) puisse être maintenue dans la brèche. C’est pourquoi, nous avons pensé modestement qu’ensemble avec d’autres collègues, on pouvait relever des défis et je crois que nous allons le faire.

Pour terminer Monsieur le président, vous savez que l’institution que vous avez la lourde charge de diriger a quand même souffert des grands soupçons de corruptibilité. On a parlé de l’élection des sénateurs, des membres du bureau de l’Assemblée Provinciale et vous-même, vous avez essayé d’en parler un tout petit peu. Comment maintenez-vous en même temps cette réputation rampante et votre qualité d’homme intègre ? Comment allez-vous faire pour que cette Assemblée Provinciale soit le reflet des valeurs que vous défendez ?

La difficulté dans notre pays est que, nous sommes tous habitués à gérer la rumeur. Nous avons eu à la démontrer. Il y a eu des gens qui ont été élus sans avoir déboursé le moindre centime. Je peux les citer même-si la liste n’est pas exhaustive : Gerengbo, Mumengi, Molisho… Ce que je dis là, Dieu ce que je dis la vérité, je regarde le trône du ciel et mon père m’attends de sa tombe. Je ne vis pas avec les députés dans leurs maisons mais demandez-moi, je n’ai jamais vu un député provincial exiger de l’argent, j’aimerais souligner ces mots-là, pour élire qui que ce soit. Ce que les gens doivent savoir, le problème chez-nous, la réflexion est entre les mains de tout le monde. Il y a des balises scientifiques Monsieur le DG Willy.
Dans les pays des hommes normaux, lorsqu’on réfléchit dans une discipline déterminée, on doit s’inscrire dans un cadre théorique. C’est ce qui fait que les gens parlent de fois des choses qu’ils ne maîtrisent pas dans notre pays. Tous ceux qui ont fait les sciences politiques peuvent vous le dire. Il y a un cours qu’on donne en première année de candidature, intitulé ‘’Introduction générale à la science politique’’. Il est consacré au moyen politique. On y parle de la population, ce qu’on appelle chez-nous ‘’base’’. On y parle aussi de l’armée, de l’argent… comme les sources du pouvoir. C’est-à-dire, lorsque vous n’avez pas d’argent, vous ne pouvez pas faire la politique. Mais, je n’ai pas vu, moi, un seul député en train de distribuer de l’argent pour se faire élire. Il y a des gens qui sont habitués à faire des raccourcis dans notre pays. Leur stratagème, c’était d’entrainer le Chef de l’Etat (Ndlr : Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo) dans leur délinquance pour qu’on puisse nommer les Commissaires Spéciaux.
Malheureusement pour eux, nous avons un Président de la République qui donne de l’espoir à son Peuple. Il est très rationnel et a très vite compris que c’était des ‘’manigances législatoires’’. Et s’il y a des gens qui peuvent combattre la corruption dans ce pays, c’est nous, parce que nous y croyons. J’étais malheureux, sidéré et étonné d’entendre l’un des anciens dignitaires du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution, MPR/parti-Etat sous le régime du Maréchal Mobutu) dénoncer aussi cela pendant que ce sont eux les véritables pères-fondateurs de la corruption dans notre pays.
Donc, c’est pour vous dire que, ce que vous entendez sur la place publique, dans la plupart des cas, c’est du boniment. Nous allons nous battre pour essayer de donner plus de valeurs à cette institution et nous demandons à la population de nous juger par les actes.

Propos recueillis par Willy Kalengay. Texte par Dieudonné Buanali.

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