« Mieux vaut tard que jamais », dit un adage. Le nouveau gouverneur de la ville-province de Kinshasa est désormais connu. Il s’appelle Gentiny Ngobila Mbaka, élu par les députés provinciaux chef de l’exécutif provincial de Kinshasa après une campagne très mouvementée. Gentiny Ngobila Mbaka a pris le levier de commandement de l’Hôtel de ville de Kinshasa après sa victoire écrasante de 29 voix sur 48 votants lors de l’élection des gouverneurs tenue le mercredi 10 avril 2019. Le remplaçant d’André Kimbuta Yango dit ‘’Haut Sommet’’ qui aura dirigé Kinshasa pendant 13 ans, est un homme d’affaires et en même temps un passionné des sports (Ndlr : ancien président du comité de coordination du Daring Club Motama Pembe, DCMP). Sa candidature avait fait l’objet d’une controverse. « Heureusement, Dieu m’a défendu ! » C’est la première déclaration de Gentiny Ngobila Mbaka, joint par Radio France Internationale juste après son élection à la tête de la capitale. A 55 ans, père de six enfants, le nouveau numéro 1 de la ville-province de Kinshasa revient de loin. L’homme fut commissaire spécial nommé par ordonnance présidentielle pour gérer la jeune province du Maï-Ndombe avant d’être élu gouverneur de la même entité. Candidat de la rupture d’avec l’insalubrité dont il promettait d’ores et déjà, peu avant la campagne électorale, l’éradication totale, le choix du Front Commun pour le Congo (FCC) à la tête de Kinshasa devra dès lors démontrer sa maestria quant à la gestion de la chose publique.
En effet, Kinshasa est une ville aux dimensions d’un Etat. Avec une population estimée pour l’année 2017 à 17 071 000 habitants sur une superficie de 9 965 km2, l’ex Léopoldville est plus grande que certains Etats du monde : Porto-Rico 9 104 Km2, Cap-Vert 4 033 Km2, Comores 2 235 Km2, Maurice 2 040 Km2, et Sao Tomé-et-Principe 964 Km2.
Les limites de la ville étant très étendues, plus de 90 % de sa superficie sont des espaces ruraux ou forestiers (notamment dans la commune de Maluku). Les parties urbanisées se trouvent à l’ouest du territoire.
L’état de la voirie est mauvais dans de nombreuses communes au point que nombre de rues sont impraticables pour des véhicules hors saison sèche. Des travaux de réhabilitation y sont menés. Mais toutefois, les réhabilitations sont parfois inefficaces. En conséquence de cette dégradation des chaussées, l’enclavement de certains quartiers, notamment du Sud, dans l’agglomération, les trajets vers le centre comme de périphérie à périphérie étant de plus en plus longs, à tel point qu’il est parfois plus rapide de se rendre à sa destination à pieds. Autrefois, les conducteurs de véhicules empruntaient certaines avenues secondaires telles que Bongolo, Gambela, Drapeau (ex Flambeau), Kianza, Saïo, Kasaï, Kabambare, Elengesa, Mompono, Biangala, Tombalbaye, Foire, Université, Du Marché, Basoko, Wangata, Bokasa, Kimwenza, pour ne citer que celles-ci. Ces dernières sont, par les temps qui courent, devenues impraticables. La ville de Kinshasa est aussi confrontée à d’importants problèmes écologiques. Au premier rang, le problème de l’énergie.
En effet, en dépit d’un fort potentiel hydroélectrique des barrages d’Inga I et II, de Zongo I et II, le réseau électrique est vieillissant, mal calibré et peu étendu. Les branchements illégaux et les incidents quotidiens, d’origine naturelle ou humaine, provoquent des pannes à répétition. L’absence d’une énergie disponible partout et peu coûteuse explique l’usage des autres sources d’énergies.
Le second est la gestion de l’eau. L’eau potable est assurée par la société publique Regideso. Mais les infrastructures de traitement et de d’acheminement de l’eau sont également vétustes et limitées, donc incapables de satisfaire les demandes grandissantes de la ville. La suspicion sur la qualité de l’eau est la raison pour laquelle grandit un marché de l’eau en bouteille et s’installent des systèmes de filtration chez les particuliers aisés. Il n’existe aucune station d’épuration. Les eaux usées sont donc rejetées directement dans les rivières et le fleuve Congo, ce qui implique une pollution latente. Le tout à l’égout ne concerne que le centre-ville et certains quartiers. Il en va de même pour l’évacuation des eaux de ruissellement. Malgré cela, le système actuel est peu entretenu donc presque inutile. Par conséquent, Kinshasa est régulièrement touchée par les inondations et parfois par des épidémies.
Le troisième problème est la gestion des déchets. Il existe un service de traitement des déchets mais reste insignifiant. Le tri n’existe pas. Fort heureusement, un recyclage d’ordre économique a lieu dans la population. Ainsi, les métaux sont réemployés, ou revendus au poids, et les contenants plastiques sont réutilisés. Les matériaux inertes, comme le ciment, la brique et la faïence, sont pilés et revendus comme gravier. Le bois sert de combustible. Toutefois, la ville produisant une quantité de déchets très importante, il reste bon nombre de détritus inexploitables, le plastique souple en tête. La technique courante consiste à les regrouper en tas puis les brûler, voire les enterrer. En conséquence de quoi, une pollution invisible des sols, de l’air et des eaux par les suies, les gaz toxiques et les métaux lourds, n’est pas à écarter.
A cette liste s’ajoutent les érosions, les inondations, l’insécurité de plus en plus grandissante avec le phénomène « Kuluna », l’absence d’un système de transport des personnes et de leurs biens digne de ce nom.
Rassurant de par son profil probant, sa grande vision et surtout sa noble expérience face aux attentes immenses d’une ville aux dimensions d’un Etat, l’ancien gouverneur de Maï Ndombe se dit prêt à servir valablement les Kinoises et Kinois durant son mandat. La promesse est une dette, dit-on !
Dieudonné Buanali

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com