Le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, était face à la presse mardi 2 juillet 2019, à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri. Plusieurs questions d’actualité ont été passées au peigne fin par le Chef de l’Etat, notamment la situation sécuritaire à Djugu où il a séjourné, la proposition de Martin Fayulu de mettre en place un haut conseil national des réformes institutionnelles, la libération des prisonniers politiques, les récentes ordonnances nommant de nouvelles personnalités à la Gécamines et à la SNCC, le projet route rails sur le fleuve Congo etc. Le premier citoyen du pays a éclairé la lanterne de la presse sur toutes ces questions.
La libération des prisonniers
A une question de la presse sur la libération de certains prisonniers n’ayant pas bénéficié des récentes mesures de grâce dont notamment le Colonel Eddy Kapend, condamné à mort dans l’affaire liée à l’assassinat de l’ancien Chef de l’Etat Mzee Laurent Désiré Kabila, le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi se dit incertain quant à une éventuelle libération d’Eddy Kapend. « Je ne sais pas s’il est libérable. Laissez-moi suivre ce dossier vu la peine de perpétuité », a-t-il dit. Pour rappel Plusieurs ONGDH dont la Voix des Sans Voix (VSV) ont exigé la libération de cet officier et ses coaccusés ou alors la réouverture de leur procès.
Programme de 100 jours
Concernant le programme d’urgence des premiers 100 jours à la tête de la RDC, Félix Tshisekedi qui note des avancées sur le plan des infrastructures, reconnait tout de même que ce programme n’a pas eu un impact visible sur le social de la population. Il promet de tout mettre en œuvre pour que le social de la population soit pris en compte dans le programme du prochain gouvernement.
Initiative pont-route-rails
Au cours de ce face-à-face avec la presse, Félix Tshisekedi s’est également prononcé sur la question du pont-route-rails qui doit relier Kinshasa à Brazzaville. « Je continue d’appuyer le projet route-rails. Cependant, il n’est pas question pour moi de tuer ou de concurrencer un autre projet qui se déroule chez moi (…).Tant que le projet de port en eau profonde ne sera pas abouti, je n’avancerai pas sur l’initiative du pont-route-rails. J’ai rencontré certains parmi les entreprises qui sont intéressées. J’ai entendu les préoccupations de mes frères du Kongo-central. Nous cheminerons ensemble », a dit le chef de l’Etat.
Pour votre gouverne, Les travaux de construction du pont-route-rail Brazzaville-Kinshasa vont débuter en août 2020, avait annoncé dimanche 12 mai, Dr Akinwumi Adesina, au cours d’un entretien avec le Chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso, à Oyo (Congo-Brazzaville). Selon la même source, les études de faisabilités sont terminées. Cet ouvrage, dont l’idée a émergé au début des années 1990, coûtera 660 millions de dollars américains. L’argent viendra de la plateforme d’investissement Africa 60 et de la BAD.
Près de 4 km séparent les deux villes et un tel pont permettrait de relier Kinshasa au port en eau profonde de Pointe-Noire, en une seule ligne ferroviaire. Ce projet n’a toujours pas été du goût de tout le monde. Côté Kinshasa, certains analystes soutiennent qu’il pourrait porter préjudice à l’activité économique des ports de Matadi et de Boma. Ils s’appuient notamment sur un rapport de mars 2010 de la Banque Mondiale qui estimaient que ce pont routier et ferroviaire « aiderait à accroître le trafic passant par Pointe-Noire et à améliorer la viabilité globale de cette voie. », rappelle actualité.cd.
Situation sécuritaire à Djugu (Ituri)
Concernant la situation qui prévalait à Djugu, Félix Tshisekedi a dit avoir tendu la main aux auteurs des violences armées dans ce territoire. Il précise que ces derniers visaient à déstabiliser le pouvoir central. C’est pourquoi, l’armée va renforcer sa présence dans cette partie du pays. « Sans appui supplémentaire, ils ne seraient pas ce qu’ils sont maintenant. Une terreur pour la population. L’armée sera maintenue ici. Une main leur est tendue pour leur reddition, ça ressemble à une tentative de génocide. On voulait pousser la province de l’Ituri à s’embraser pour déstabiliser le pouvoir de Kinshasa. J’irai jusqu’au bout », a déclaré le Chef de l’Etat.
Ordonnances de la Gécamines et la SNCC
Au sujet des récentes ordonnances nommant de nouvelles personnalités à la Générale des Carrières et des Mines (GECAMINES) et à la Société Nationale des Chemins de Fer (SNCC), le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a reconnu une certaine réticence dans le chef de la ministre du Portefeuille Wivine Mumba sur l’application de ces ordonnances. Toutefois, le Président de la République se montre confiant quant à l’exécution de ces ordonnances. « Ces ordonnances-là, elles ne seront pas retirées. Elles seront appliquées », a déclaré Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Pour rappel, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice, « ACAJ », avait saisi Wivine Mumba au sujet de ces ordonnances présidentielles, invitant la ministre du Portefeuille à pouvoir les exécuter.
Proposition de Martin Fayulu sur le HCNR
Quant à la proposition du candidat malheureux Martin Fayulu sur la création d’une institution dénommée Haut Conseil National des Réformes Institutionnelles (HCNRI) qu’il dirigera, le Président Félix Tshisekedi s’est prononcé. « Les réformes ont des endroits pour être discutés. Fayulu est un élu. En allant au parlement, il peut emmener ce projet. Nous sommes en démocratie. Nous avons aussi la possibilité de refuser ou d’accepter ces propositions. Je ne vois pas l’utilité. Dans mon message du 30 juin, j’ai parlé des réformes, sans dire si je vais l’accorder à un individu. Moi, je ne vois pas l’utilité d’une autre institution « , a-t-il déclaré.
La fermeture de la RTVS1
Le Président de la République Félix Tshisekedi promet de suivre de près le dossier lié à la fermeture de la RTVS1, radio et télévision de l’opposant Adolphe Muzito. Le Chef de l’Etat affirme que selon les informations à sa disposition, la RTVS1 se serait livrée à des appels à la haine, des informations qu’il se réserve lui-même de confirmer.
« Je n’ai pas pris cette décision. Lorsqu’on m’a informé de RTVS1, on m’a dit que cette chaîne s’est illustrée dans les appels à la haine. Je ne peux pas confirmer. Lorsque je serai à Kinshasa je vais suivre. On m’a dit que la justice sera saisie. A mon avis, c’est l’Etat qui fonctionne. », a-t- expliqué. A ce sujet notamment, les organisations de défense de Droits de l’Homme comme la Voix de Sans Voix ont recommandé au chef de l’Etat de s’impliquer afin que le signal de la chaîne de Adolphe Muzito soit rétabli « dans un bref délai et sans conditions.
Le Chef de l’Etat a, au cours de ce face-à-face avec la presse, dit toute sa détermination à œuvrer pour la paix dans la partie Est de la République Démocratique. Il a dissipé tout le malentendu sur le dépassement budgétaire. Pour Félix Tshisekedi, les indicateurs en sa possession ne sont pas au rouge.
Théodore Ngandu

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com