La guerre en République Démocratique du Congo (RDC) ne fait pas seulement des victimes parmi les belligérants, mais aussi parmi ceux qui consacrent leur vie à soulager la souffrance des civils. Le 20 février dernier, un employé de Médecins Sans Frontières (MSF), Jerry Muhindo Kavali, a été gravement blessé par balle lors d’une attaque sur la base de l’organisation à Masisi Centre, au Nord-Kivu, alors que des affrontements opposaient les combattants des groupes VDP/Wazalendo et du M23/AFC. Malheureusement, malgré les efforts pour le transférer vers un hôpital à Goma, il est décédé le 23 février des suites de ses blessures.
Ce tragique décès n’est qu’une parmi d’autres victimes collatérales dans un contexte de violences de plus en plus intenses qui frappent les installations humanitaires et les zones de soins dans l’Est de la RDC. Au moment des tirs sur la base de MSF, plusieurs familles cherchaient refuge, et un enfant a également été blessé par les balles. MSF a immédiatement condamné ces attaques, soulignant le respect fondamental des installations humanitaires dans un conflit, un principe fondamental du droit international humanitaire.
Jerry Muhindo Kavali, âgé de 49 ans, travaillait pour MSF depuis 2014. Sa disparition laisse un vide immense au sein de la famille MSF. Mais, au-delà de la tristesse, il existe aussi une colère profonde face à ce genre d’incidents, soulignant le mépris flagrant pour les principes humanitaires en temps de guerre.
Les équipes de MSF œuvrent depuis 2007 dans la zone de santé de Masisi, apportant un soutien médical crucial aux civils pris dans le tourbillon des violences. En plus de l’Hôpital Général de Référence de Masisi, MSF soutient plusieurs centres de santé dans la région, offrant des soins essentiels à des populations déjà épuisées par des années de conflit.
Mais aujourd’hui, ces structures, qui devraient être des havres de paix, sont elles-mêmes des cibles. Les récentes attaques ont conduit à l’admission de onze patients le 20 février, tous blessés par balle. Parmi eux, sept étaient des femmes et des enfants.
Les humanitaires, comme tous les civils, sont censés être protégés par le droit international. MSF rappelle une fois encore à tous les belligérants que la guerre a des règles et qu’aucune cause ne justifie les attaques sur des installations médicales, qui devraient être des sanctuaires pour ceux qui souffrent.
La RDC traverse une crise humanitaire sans précédent, et les travailleurs humanitaires sont pris dans l’engrenage d’une guerre qui ne semble pas vouloir cesser. Leur mission est simple : soigner, sauver des vies, et apporter un peu de réconfort dans un monde de plus en plus dévasté par la violence.
Mais, comme le montre le décès tragique de Jerry Muhindo Kavali, ces efforts peuvent coûter la vie à ceux qui œuvrent sans relâche pour aider les autres.
Aujourd’hui, MSF pleure la perte de l’un de ses membres les plus précieux, mais continue de dénoncer fermement la violence à laquelle sont confrontées ses équipes sur le terrain, et appelle à un respect inébranlable du droit international humanitaire. L’espoir reste de voir un jour la fin de cette guerre et la protection des civils, qu’ils soient médecins, patients, ou simples habitants de la région.

Don Momat est à la fois formateur, blogueur et journaliste. Il aime surfer sur les faits quotidiens pour écrire des textes permettant au lecteur de plonger dans l’actualité. Son style, à la fois simple et teinté d’humour, vise à aider ses lecteurs à mieux comprendre les faits politico-économiques, voire sanitaires, qu’il aborde avec simplicité et modestie. Pour lui, le voyage constitue une véritable source d’inspiration.