Pour la deuxième fois, la République Démocratique du Congo a assisté vendredi 15 mars 2019, à l’organisation par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), de l’élection des Sénateurs sur toute l’étendue du territoire national. Conformément à la loi, cette élection s’est déroulée au suffrage indirect, c’est-à-dire avec la participation des députés provinciaux comme grands électeurs. L’affichage et l’annonce de ces résultats par la centrale électorale ont été émaillés de plusieurs mouvements de contestation à travers les grandes villes du pays. Si à la Coalition Front Commun pour le Congo (FCC) on se félicite d’avoir raflé plus de la majorité absolue des sièges, à la coalition Cap pour le Changement (CACH), on rejette ces résultats, tout en dénonçant la « corruption » des élus provinciaux. Le cas le plus palpable, est celui de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) qui dit ne pas comprendre qu’avec à son actif, 12 députés provinciaux dans la ville de Kinshasa, il ne puisse pas enregistrer même un Sénateur. Les manifestations de colère à travers le pays ont démontré à suffisance la gravité de la situation, qui nécessite une analyse sérieuse non seulement sur les éventuelles mesures à prendre mais aussi sur l’avenir même des sénatoriales en RDC.

Le scrutin sénatorial du 15 mars 2019 a été précédé par plusieurs annonces de retrait de candidatures dans les camps de certaines personnalités politiques pour motif de corruption. Ces personnalités ont alerté la CENI et les autorités judiciaires sur quelques menaces de corruption dans les Assemblées provinciales. A croire ces candidats, les élus provinciaux se seraient livrés aux actes de monnayage de voix à l’élection sénatoriale, raison pour laquelle ils étaient contraints de retirer leur candidatures à ces scrutins. Faisant allusion à ces dénonciations, le Procureur Général de la République avait saisi la CENI pour solliciter le report du scrutin sénatorial, afin de permettre au parquet près la cour de cassation de diligenter une enquête sur toutes les allégations de corruption.

Devant une telle situation, le débat sur l’avenir du scrutin sénatorial en République Démocratique du Congo refait sur face. Des voix s’élèvent dans l’opinion pour exiger soit la suppression de la chambre haute du parlement soit le changement pur et simple du mode de scrutin, afin de permettre au seul souverain primaire de se choisir ses élus à tous les niveaux. Pour les tenants de cette deuxième thèse, le suffrage universel indirect a montré ses limites en RDC. Ce mode serait à la base des actes de corruption déplorés aujourd’hui dans les assemblées provinciales. Ces actes de corruption sont également à redouter lors de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs annoncée pour le 27 mars prochain qui, elle aussi, sera organisée sous le même mode. Pour les tenants de la thèse de la suppression, la chambre haute du parlement n’a pas sa raison d’être, car le travail parlementaire peut être réalisé par l’Assemblée Nationale seule, afin d’épargner le pays des dépenses énormes.

Quoi qu’il en soit, la nécessité d’une évaluation profonde des différents cycles électoraux de la RDC s’impose, particulièrement en ce qui concerne le changement ou pas du mode de scrutin pour l’élection de Sénateurs et des gouverneurs de province. Faute de cette évaluation, le pays continuera à sombrer dans les actes de violence post-électorale, à chaque fois qu’il sera question de renouveler le sénat et les gouvernorats de province.

Par ailleurs, la moralisation de la vie politique s’impose au pays. Les acteurs politiques toute tendance confondue sont ici appelés à s’assumer, notamment par le respect de la discipline et de la ligne de conduite du parti ou regroupement politique auquel ils appartiennent, car il n’est pas concevable, qu’un député provincial élu grâce à un quelconque parti ou regroupement politique, puisse se compromettre en posant des actes contraires aux idéaux, à la discipline, à la ligne tracée et aux consignes de son parti.

En outre, les militants et membres sympathisants des partis politiques doivent à prendre à respecter l’ordre public surtout quand ils sont appelés à manifester pacifiquement. Se livrer à des actes de pillage et de vandalisme est une atteinte à l’ordre public et à la paix sociale à travers le pays. Chacun en ce qui le concerne est appelé à jouer sa partition dans le respect strict de la loi, afin que la mère patrie ne sombre pas dans la crise ou dans le chaos.

Théodore Ngandu

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