Regarder le pays non dans le rétroviseur mais par le pare-brise

Comme une mécanique, les jours coulent et nous nous approchons inexorablement de la date du scrutin, et pourtant comme une voiture en descente, Certains passagers ont confiance que le véhicule a des bons freins car il devrait à tout moment pouvoir s’arrêter si jamais il y a une nécessité. Cette confiance est ébranlée dans le chef d’autres passagers qui estiment que toutes les conditions ne sont pas réunies pour entamer cette descente car elle est non balisée, non éclairée, en période des fortes pluies. Pourquoi prendre le risque de cette descente si on n’est pas sûr de tous les paramètres ?

Ce débat qui a commencé au debout du voyage, est de plus en plus fort au fur et à mesure que le véhicule national des élections s’approche de cette date, considérée par certains comme une sortie du tunnel, mais par d’autres comme un point d’impact. Que faire ? Plusieurs hypothèses sont avancées notamment celle d’y aller et de voir venir après quitte à négocier la gestion des dégâts car on ne peut se permettre un report.

Une deuxième hypothèse de travail prend la première à contre-pied et estime que les élections sont une question de souveraineté nationale, il n y a pas de contrainte supérieure à l’intérêt de la Nation. Un pays ne peut s’enfermer dans un fétichisme des dates au point de se piéger lui-même comme dans une roulette russe.

Il faut s’élever au-dessus des émotions car ceux qui tiennent à tout prix aux élections quelque soient les conditions, y tiennent simplement pour honorer leur ambition personnelle, ils sont fascinés par l’obtention d’un statut ou la conservation de celui-ci. Que valent les conforts d’une minorité face au salut des millions ? Pourquoi ne pas prendre la vérité telle qu’elle se présente et se donner les moyens d’une paix durable qui soit fondée sur l’inclusive participation de tous ? A l’idée qu’on ne peut plus arrêter la machine déjà lancée, les tenants rétorquent qu’il n’y a rien qui a été fait qui ne puisse être défait, il suffit de nourrir fortement la volonté politique. Et dans l’hypothèse où on pouvait reporter les élections, comment s’y prendra-t-on ?

Les tenants d’un consensus préalable avant les élections donnent l’exemple du Mali qui vient de reporter ses élections législatives suite à la saisine de sa Cour Constitutionnelle par des maliens qui ont estimé qu’il fallait donner la chance à une organisation plus fiable. C’est une fuite en avant, disent ceux qui prennent les choses en mains pour coûte que coûte soit tenue la date. Le camp de ceux qui se disent réalistes argumente en disant que l’Etat congolais dans son état actuel ne survivrait pas à un contentieux électoral qui partirait déjà maintenant d’un tel degré de contestation. Aller aux élections dans ces conditions est une erreur grave et un suicide collectif. C’est pourquoi ils estiment qu’il faut aller au-devant du problème, rencontrer encore une énième fois les protagonistes de la crise, les asseoir autour d’une table, non pas pour discuter des postes, mais pour définitivement inscrire dans la constitution la notion de démocratie consensuelle qui elle, sera au cœur du dispositif électoral comme un moyen d’atténuer les crises post électorales, car elle va prévoir que les meilleurs perdants soient aussi pris en compte dans le fonctionnement des institutions.
Le mérite d’une telle innovation serait que l’on va dédramatiser les élections. Au lieu des produire des ennemis, les élections produiront des concurrents sur un même marché, chacun en fonction de sa maitrise de ce dernier occupera un pan. La concurrence qu’il y a aujourd’hui entre Airtel et Vodacom ne tue pas le secteur des télécoms, elle est profitable aux deux, grâce à l’émulation que cela provoque, mais aussi aux consommateurs qui bénéficient du génie de deux. Bralima et Bracongo sont deux sociétés concurrentes mais elles ont entre leurs mains la politique des prix des produits brassicoles. Comment en politique la concurrence est devenue une animosité mortelle ? Quel que soit la décision qui sera prise, soit pour tenir la date, soit pour reporter les élections, le pays est obligé de poser les jalons, les racines maintenant de l’avènement en urgence d’une démocratie consensuelle.

Adam Mwena Meji

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