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Vous qui enseignez dans les grandes écoles, vous qui prêchez du haut de vos chairs, vous qui prédisez l’avenir grâce à vos facultés, vous qui éduquez les enfants dans vos maisons, vous qui informez le Peuple dans les médias, vous qui influencez grâce à des télés-réalités les goûts des masses, vous qui vivez à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), vous qui dirigez cette Nation, écoutez-moi. Accordez-moi votre attention. Personne d’entre nous n’est exempt des difficultés qui gangrènent la mobilité publique.

Jamais un phénomène social n’a défié autant le génie organisationnel. Jamais un problème public n’a ébranlé la foi des Kinois en leur ville au point de développer une résignation sans nom. Jamais les embouteillages n’avaient atteint une autonomie dans leur nuisance.

Comment une société aussi sophistiquée que la nôtre, ne parvient pas à implémenter une dynamique de circulation qui soit fluide ? Comme dans une vision électrique, une vérité s’est imposée à nous et il nous sied de vous la partager :  » Tous les citoyens Kinois vivent et sont coincés par les embouteillages parce qu’ils ont en commun un même défaut. Celui-ci a été développé au point de devenir une culture et de produire les effets au centuple de son ensemencement. Le mal commun que chacun de nous alimente en lui, est le régime des privilèges. Chaque Kinois estime que les embouteillages existent certes mais lui, individuellement, il est élu par le destin pour ne pas en souffrir. Certains, forts de leurs privilèges d’État usent des escortes, des girophares et des bastonnades pour se frayer un chemin dans les masses entassées sur les routes.

D’autres ont cessé de respecter les valeurs de la route à savoir, la courtoisie et vont sans tenir compte du mouvement général. Cassant tout sur leur passage et n’acceptant comme limite que la survenue des accidents.

Au même moment, d’autres ont choisi d’utiliser les taxis motos et pensent avoir le droit de rouler à tombeau ouvert, d’emprunter le sens unique et de s’engouffrer dans tout espace libre sur les routes. Il n’y a ni feu rouge, ni feu vert qui tiennent, car chacun estime avoir le droit d’agir comme il le fait.

Nous nous sommes retrouvés tous en cette époque, incarnés à Kinshasa, pour payer notre karma, celui de nous débarrasser de ce mal qui est en chacun de nous et qui fait que personne ne peut conseiller personne. Ce mal est profond, car chaque jour, il se développe comme un cancer et va étouffer notre capacité de nous guider vers les valeurs éternelles.

Et pourtant, la solution est simple et à notre disposition, elle consiste à prendre conscience individuellement de notre pouvoir de réduire les troubles de mobilité en intégrant la donne essentielle : L’amour du prochain.

Si du régime de privilège, le Kinois passe au régime du service, alors nous paierons notre dette et nous serons au service les uns des autres. Dites-le aux personnes qui vous écoutent, dites-leur que les embouteillages naissent de nos cœurs, du peu de cas que le Congolais réserve au prochain.

Dites-leur dans vos réunions qu’en cherchant constamment des privilèges là où l’on parle des Droits de l’homme, on s’assujettit à un faux surdimensionnement. Il ne peut y avoir des solutions individuelles à la question des embouteillages, sauf la décision de chacun d’être sur la route comme le facilitateur de la circulation des autres.

Nous sommes liés les uns aux autres par ce défaut rouge qui colle à nos âmes et qui se révèle chaque fois que nous croyons avoir le droit de passer en premier sur un tronçon. Prions pour briser et payer cette dette.

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