Les vulcanologues de la scène politique sont unanimes: si jamais la montagne Félix Tshisekedi-Moïse Katumbi arrivait à une éruption, celle-ci sera catastrophique car elle va ébranler le fondement du pouvoir actuel dont l’alliance a permis la formulation de l’offre potentielle de la majorité au pouvoir. Une seule chose concourt à consolider cette hypothèse, c’est le temps qui manquera cruellement aux deux partenaires de se réorganiser et de développer un écosystème politique à même de faire face aux défis de 2023 et surtout de faire face à l’adversité respective. Mais plus que le temps c’est la cohésion politique et le combat menés ensemble pour sortir le pays de la pensée unique qui milite en faveur d’une négociation plutôt que d’une rupture. Ni l’Udps ni Ensemble pour la République ne peuvent gagner une élection dans ce pays sans l’apport de l’un ni de l’autre car ils ont planté dans le même champ. Aujourd’hui sur des questions de fond ils semblent ne plus partager la même lecture. L’Udps reproche à Ensemble pour la République de nourrir une ambition présidentielle au détriment de celle déjà déclarée de Félix Tshisekedi. Le premier élément de négociation est celui d’harmoniser les agendas politiques en les alignant dans une sphère de puissance historique. Cette discussion est inévitable entre Moïse et Félix car ils ont librement décidé de faire chemin ensemble. Si l’ambition présidentielle est la limite aux concessions, il n’y a pas de raison de tout saborder aujourd’hui. Ils peuvent tous se présenter et que le meilleur gagne. Si le peuple choisit l’un d’eux, il peut toujours faire appel a l’autre. Aujourd’hui le schéma qui est en train de se manifester est celui d’une grande animosité qui risque de se déverser sur les différentes bases et de créer une fracture déjà non cicatrisée entre les provinces de ces leaders.
Il est encore possible de négocier entre les deux formations quel que soit le degré de frustration entre eux. Que reste t-il dans la marmite au niveau du contentieux ?
Il est encore possible de donner à Ensemble pour la République un poste à la Ceni et ainsi de réduire les flux immenses de suspicions entre les deux familles politiques. Par contre les Échos qui nous parviennent de différents états majors font état des intelligences qui sont mobilisées pour se surpasser en conjectures en imaginant tous les scénarios sur l’avenir de la Nation en fonction de leurs revendications politiques respectives. Deux options sont devant eux : conquérir le pouvoir pour ceux qui le cherchent ou conserver pour ceux qui l’ont aujourd’hui.
Cette duelle réalité à accomplir par le peuple, qui finalement décide de ce qu’il faut faire de sa prérogative est vécue de manière multiple par les camps en présence. Du côté de l’Udps il y a cette vision qu’il faut se battre pour obtenir une majorité absolue afin de pratiquer une politique faite maison. C’est un idéal possible à obtenir. Du côté de leur partenaire c’est d’avoir la possibilité de gagner les futures élections en faisant jouer son champion, Moïse Katumbi.
A l’état actuel des enjeux les deux géants sont censés s’affronter à la présidentielles de 2023 alors qu’ils sont attachés à l’idéal du changement de la même manière par l’idéologie du peuple d’abord. Il est temps pour que les deux entourages se parlent et cessent de s’affronter en faisant le lit de ceux qui veulent les évacuer tous. Sans combat dans la direction des concessions mutuelles, les deux camps risquent une déroute électorale et peuvent enclencher une déstabilisation de tout le pays au travers des adhésions fortes à encrage sociologique de différentes bases. Il y a encore des possibilités de trouver des voies de négociation entre les deux leaders au travers de la persistance d’une grille des valeurs communes.
Moïse Katumbi a gagné les galons d’un vrai leadership et ceci amène une culture d’abnégation et de sacrifice pour que le pays soit vainqueur devant les défis qui s’imposent à lui. Mais si jamais les deux se séparent, non seulement le gouvernement sera chamboulé, mais la Majorité au parlement va changer de format et surtout les populations vont s’opposer de manière frontale. Dans tous les cas c’est la patrie qui doit être préservée au travers de toutes les ambitions des personnes.
Adam Mwena Meji
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com