C’est une philosophie qui enseigne l’ouverture d’un être humain aux autres. L’Ubuntu c’est le concept panafricain, cher à Henri Mova Sakanyi. Candidat à la députation nationale à la Lukunga, le professeur estime que la société congolaise doit s’imprégner de cette philosophie car il est impératif pour elle de s’unir, au risque de périr.

La République Démocratique du Congo est en train de négocier un virage crucial. Le pays s’apprête à organiser son troisième cycle électoral en l’espace de 12 ans. Mais surtout, il est sur le point de connaitre la première passation pacifique du pouvoir. Décembre prochain est le mois qui cristallise alors toutes les attentions. Des milliers des candidats vont concourir aux législatives nationales et provinciales, mais également à la présidentielle. Ces candidats vont solliciter l’adhésion du peuple à leurs idées pour avoir le pouvoir. Ce pouvoir qui ne peut venir que des autres. Car selon le concept Ubuntu, le pouvoir vient des autres et la politique n’est pas une aventure solitaire. Le concept d’Ubuntu, cher au professeur Henri Mova Sakanyi, est la philosophie qui sied bien aux mentalités africaines mâtinées de convivialité. Les idées, en effet, doivent être portées par des humains pour être structurantes, pour façonner une société.

Le professeur Henri Mova Sakanyi, par ailleurs candidat député à la Lukunga porte cette philosophie et entend la partager avec ses concitoyens. L’Ubuntu barre la route à la lutte acharnée et sanguinaire pour le pouvoir sans objectif au profit du grand nombre. L’Ubuntu relève d’une démarche de la quête de la perfection et de la vertu. Personne ne pouvant y arriver seul, la nécessité de s’associer, de se mettre à plusieurs, en se reconnaissant imparfaits, demeure impérieuse pour espérer faire un bout de chemin dans la joie de bâtir ensemble. Henri Mova estime que c’est ensemble que le peuple arrive au changement. Car, ajoute, l’homme d’Etat, « l’exploitation de l’homme par l’homme a assez duré. L’heure est venue de nous allier avec efficience. » Le professeur qui lance un appel à l’unité et l’amour, estime que l’appât du gain et l’égoïsme ne peuvent que condamner à l’échec.

Devant parfois le péril qui se dresse à l’horizon, Mova souligne que la jeunesse devrait être, continuatrice d’une œuvre séculaire qui est cette lutte, ponctuée d’indicibles massacres, des razzias, des génocides. Cette jeunesse est malheureusement parfois la proie des sirènes étrangères qui l’amènent à trahir la mère-patrie. Le professeur fait remarquer qu’il s’est opéré un court-circuit de la raison qui a laissé libre cours à l’effusion émotionnelle ; qu’il y a eu un glissement de terrain suites aux flots impétueux des interférences extérieures. Il n’y a plus d’ancrage solide pour ne pas laisser se saborder d’identité individuelle et collective. Le professeur constate que le supplément d’âme nécessaire dans le combat pour ne plus s’adonner à la trahison, est venu à manquer. L’Afrique est encore à la merci des clichés dévalorisants. Henri Mova exhorte ses compatriotes à rompre avec l’image d’Africains présentés comme des hommes sans caractères, des poltrons qui ont perdu la confiance en eux-mêmes, qui manquent le courage d’entreprendre.

Dans un pays où la jeunesse constitue la majorité de la population, il convient à celle-ci d’intégrer les valeurs et les idées pour s’aiguiller dans l’avenir. Les idées constituent en effet un fondement ; un équipage spirituel ; matériel et institutionnel pour affronter l’avenir. Les Congolais sont dans l’obligation de se réapproprier leur histoire par l’invention de leur ligne autonome. Parce que, même si plusieurs n’aiment pas entendre cela, « on ne peut pas se faire développer par autrui.

L’Afrique et le Congo avec, se doivent de se réinventer. Dans le passé, il y a eu des tentatives de définir l’Afrique par les Africains. Il y a eu notamment le consciencisme de N’krumah dans la tradition progressiste du panafricanisme ; l’Ujamaa de Julius Nyerere qui eut à approfondir sa politique progressiste des valeurs de solidarité Africaine. On peut noter également l’apport de l’humanisme de Kenneth Kaunda. Dans cette lignée, il y a aussi l’Ubuntu, lequel pourrait se comprendre comme une attention que porte un être humain à un autre. L’Ubuntu est code de comportement vis-à-vis à un autre. La philosophie enseignée par l’Ubuntu est que, Etre c’est une construction sociale ; Etre, c’est être en relation ; Etre, c’est être ensemble. Pour l’Ubuntu, le véritable contrat social est la reconnaissance mutuelle entre les égaux dont les égos s’accordent et s’améliorent le tout dans la coopération que dans l’adversité. L’Ubuntu, c’est aussi l’écoute et la parole pour partager ce qu’on est et ce qu’on a de plus intime et de plus précieux, c’est-à-dire la vie.
Pour l’Ubuntu, l’être est plus que l’avoir. Ubuntu c’est la victoire commune de la vie sur la mort, c’est la conjuration collective du malheur pour bâtir ensemble le bonheur. L’Ubuntu est donc un mot-mallette qui permet de considérer que l’autre est comme soi-même et l’autre est l’autre soi-même, l’alter ego.

L’Ubuntu célèbre le groupe autant que l’individu. C’est l’exaltation du biso, nous dit le professeur Henri Mova, qui ajoute qu’en définitive, l’Ubuntu, c’est faire de l’homme la fin de toute chose. Ubuntu, ce sont les liens qui tiennent ensemble l’espèce humaine parce qu’il considère l’être comme une catégorie existentielle qui ne survit qu’en atome crochus. L’Africain du siècle, Nelson Mandela considérait l’Ubuntu comme le respect, la serviabilité, le partage, le désintéressement. L’Ubuntu est aussi une philosophie de louange à la femme. Il tient en anathème le viol et la prostitution. L’Ubuntu permet de repenser le quotidien du Congolais, fait de tant de violences internes et internationales. L’Ubuntu est l’art de la réputation et du comportement idoine à l’évolution de la société. C’est la manière pragmatique d’exister avec les autres. Pour l’Ubuntu, la tribu n’est qu’un attribut. Ubuntu, c’est : « je suis parce que nous sommes ». Ubuntu c’est l’unité. La société congolaise se doit de s’imprégner de l’Ubuntu qui rejette l’individualisme vil et vulgaire.

Patrick Ilunga

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