Situé sur la rivière éponyme et le long du boulevard Lumumba qui se longe vers le Kwango, N’sele est une municipalité essentiellement rurale. Etalée sur une superficie de 898,8 Kilomètres carré, N’sele est l’une des circonscriptions électorales les plus convoitées par les prétendants aux postes électifs malgré sa démographie relativement dense. Ici, politiques, acteurs économiques et ceux venus de la société civile se bousculent au portillon rendant parfois périlleux le choix de ces habitants qui se recrutent parmi les plus pauvres de Kinshasa. Qui sont-ils ? Quoi ont-ils fait ? Que veulent-ils ? Autant de questions qui taraudent les esprits de ces congolais qui ne jurent que sur un lendemain meilleur à l’issue des élections à venir. N’sele, n’est peut-être qu’un cas parmi d’autres de ces communes démunies de la ville dont les suffrages sont souvent accordés aux candidats n’ayant pas forcément une histoire commune avec la base. C’est dans ce monde inconnu parfois mystérieux que Géopolis s’est immergé pour tenter de cerner la situation.
Au total, ce sont 131 candidats qui vont tenter de se partager les 275 voix de N’selois. Sur la liste de la Commission Electorale Nationale Indépendante, 25 femmes seulement ont été déposé leurs candidatures aux côtés de 106 hommes. Ces hommes et femmes aux parcours différents devront s’affirmer pour espérer décrocher le précieux sésame. N’sele ne comptant que trois sièges à pourvoir. Tout calcule fait, plus de 43 candidats disputent un siège. Mais pour y arriver, il y a certes un travail de terrain qui s’impose. La base elle, « n’est pas dupe pour se laisser dribler par des démagogues », commente un notable du coin sirotant sa tasse de café.
Dans les rues du « village N’sele », la population n’a pas oublié son histoire. Approché, un jeune leader surpris à plein entrainement se souvient de noms qu’il s’emploie à égrainer un après l’autre sans trop d’effort intellectuel. « Ici nous avons Maman Mutinga, Tshisumpa, sans oublié Matthieu Luboya mwana Nsele », commente-t-il . D’autres noms nous ont été soufflés comme celui de l’actuel Vice-ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance Sociale, Athys Kabongo ou encore celui de Léon Botolo.
En poursuivant l’enquête, l’on aperçoit quelques réalisations de certains noms cités.
Marie-Kyet Mutinga ?
A 45 ans, cette juriste native de Kinshasa n’a pas exercée des activités politiques formelles. Présidente de l’Organisation Non Gouvernement de Développement, « Collectif des Organisations de la Société Civile des Secteurs de l’Education, de la Santé et de l’Agriculture », Marie-Kyet Mutinga semble avoir captivé l’attention de ces habitants grâce à ses actions sur terrain. A travers son ONG, « Maman Mutinga », comme préfèrent l’appeler ses admirateurs, a su créér un centre d’alphabétisation à Badara, Lingundu, Bahumbu 2. Dans son souci de « promouvoir le développement communautaire pour une meilleure prise en charge », elle a initié une mutuelle d’épargne et de crédit notamment aux femmes maraichères. Selon des témoignages récoltés sur place, « MKM » est à la base de la création des dépôts-relais octroyés aux vendeuses de pains à la sauvette.
Des ponts ont été jetés notamment sur la rivière Mosolo, Tshimbembe, Mpasa Moba, ou encore Badara 2. Sa réputation, l’avocate au barreau de Kinshasa Matete la tire grâce notamment à son école « Saint Modeste », l’organisation de tournois de Nzango, de football. L’objectif étant pour elle, « de promouvoir le développement à la base » dans cette contrée de Kinshasa.
Placide Tshisumpa
A la tête de sa propre formation politique (ADPEC), Placide Tshisumpa est né à Luputa le 29 Mars 1956. Président du Conseil d’Administration de l’Office Congolais de Contrôle, l’homme doit sa renommée dans la contrée à son école (C.S Tshisumpa) et à son hôtel (Gertrude)
Athys Kabongo Kalonji
Ce natif de Mbuji-Mayi est parvenu à se détacher du lot grâce notamment, à son ascension politique. Ministre de l’Environnement sous le gouvernement Badibanga, puis Vice-ministre à l’Emploi, Travail et Prévoyance Sociale dans l’actuel gouvernement, Athys Kabongo n’est pas du tout un inconnu du milieu. Membre du Front Commun pour le Congo par le truchement de sa plateforme, Alliance des Progressistes pour le Congo et de sa formation politique, Union pour la Démocratie et le Progrès Social/ Tshibala, l’homme a, à son actif, quelques réalisations sur terrain.
Matthieu Luboya Tshiyoyi
Né à Kinshasa en 1988, cet économiste de la N’sele est parmi les plus jeunes candidats dont les noms résonnent dans le N’sele profond. Cadre du Parti Travailliste, ce jeune leader qui doit sa célébrité notamment à sa structure « Dynamique N’sele Telema » a fondé son discours sur les enjeux de la décentralisation.
A l’initiative de plusieurs cercles de réflexion, dans des milieux de jeune de son terroir, « MLT » est aussi un lobbyiste hors père. Au ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, son nom revient avec insistance parmi les parrains de trois institutions d’enseignement supérieur qui ont vu le jour à N’sele. Les habitants de la municipalité retiennent de lui, l’érection de l’Université Progrès Kinshasa-Est ; l’Institut Supérieur des Techniques de Développement et l’Institut Supérieur des Sciences Infirmières et Communautaires.
Dans cette immense municipalité dont les villages se côtoyaient par fois avec l’environnement urbain est bâti un collège aux ambitions un peu plus ou moins démesurées. Dans ce chef-œuvre de celui que les proches préfèrent appeler, Mwana N’sele (le fils du terroir), est dispensé un enseignement bilingue et l’informatique
L’objectif, selon un agent trouvé surplace, est celui de mettre en place un programme de jumelage avec des écoles de Belgique, de France, de Danemark et de Grande Bretagne.
Léon Botolo Magoza
Lui n’est pas un politique au sens brute du terme. Quand on parle de lui dans la contrée, Léon Botolo est surtout vu comme étant un homme de l’église. Né à Kinshasa le 05/08/1949, ce candidat proche de l’église catholique est surtout connu grâce à ses actions sociales posées dans le cadre des œuvres de l’église. Discret, Botolo Magoza n’est pas pourtant un parvenu dans ce milieu-là.
Malgré leurs réputations, ces candidats qui bénéficient des faveurs de pronostics auront fort à faire pour espérer se hisser sur la première marche du podium.
José-Junior Owawa

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com