Rien n’y fait et pourtant tout a été dit, des déclarations faites par des personnes appropriées n’ont pas réussi à éloigner cette rumeur persistante selon laquelle, la Présidence de la République aurait crevé son budget et serait même à plus de 200 %. Les services de communication ont donné un point de vue totalement contraire, mais cela semble buter à un mur au point qu’une semaine après, des professionnels de l’information sont revenus sur cette question aux implications politiques multiples qui pourraient démentir la volonté affichée des nouvelles autorités de prêcher par l’exemple en appliquant les règles de la bonne gouvernance. Pour en savoir plus et tirer un trait sur cette question en apparence instrumentalisée, la rédaction centrale de Géopolis Hebdo a approché le Ministre d’Etat, Ministre du Budget, Pierre Kangudia Mbayi. Entre plusieurs audiences et des montagnes des signataires qui viennent de partout, il a eu quelques instants pour répondre à nos préoccupations sur cette épineuse question qui commençait à tâcher l’image des premiers pas de l’alternance.

Que se passe-t-il alors pour que les faits et chiffres donnés ne parviennent pas à orienter une certaine opinion qui signe et persiste qu’il y a bel et bien dépassement budgétaire ? Pour Pierre Kangudia, cela est dû à la difficulté que connaissent beaucoup de personnes de pouvoir comprendre et analyser les chiffres qui ressortent de l’activité des pouvoirs publics : « l’opinion doit savoir que les finances publiques de la République sont bien tenues. La preuve, ce sont les chiffres à la date du 31 avril 2019 qui indiquent des réalisations des recettes en termes des provisions budgétaires linéaires. Et les chiffres sont là car, le taux de réalisation des recettes est de 93,5% contre 83,4 % des dépenses, soit un solde excédentaire de 284,7 milliards des Francs congolais (CDF). Le taux d’inflation cumulé à la même date est de 4,3 % avec un taux de change resté stable depuis le début de l’année ».

Ayant donné ces indications qui démontrent la bonne santé des finances publiques qui sont gérées de manière rigoureuse par l’utilisation de la chaîne de la dépense, le Ministre du Budget a aussi indiqué que les réserves d’échanges s’élèvent à 1,129 5 milliards de dollars américains (USD). Alors si les comptes de l’Etat sont en équilibre, pourquoi persiste-t-on à dire que la Présidence a crevé son budget ?

En ce qui concerne la Présidence, a affirmé Pierre Kangudia, certaines personnes font la confusion parfois à dessein, entre l’impulsion venue du chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui vient d’être élu Président de la République Démocratique du Congo et qui a voulu imprimer sa marque dès le départ à travers le « Programme des 100 jours » et l’exécution financière dudit Programme.

En effet, ajoute le Ministre d’Etat au Budget, ce sont les différents départements ministériels qui doivent porter l’exécution financière du Programme : « les dépenses exécutées dans le cadre du Programme des 100 jours ne peuvent en aucune façon être imputées à la Présidence de la République, elles viennent crever les crédits budgétaires des services concernés ».
En faisant volontairement l’amalgame, en affectant ces consommations à la Présidence de la République, c’est d’ailleurs pour cela qu’il a rappelé que les routes et infrastructures exécutées dans le cadre de ce Programme relèvent du Ministère des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction (ITPR) tandis que les hôpitaux du Ministère de la Santé Publique, l’eau et l’électricité pour le Ministère des Ressources Hydrauliques (Energie), pour ne citer que ceux-ci.

« C’est pourquoi, il est important que les questions financières soient l’objet des commentaires par des personnes avisées. Sinon, cela devient un instrument de grande manipulation », a déclaré une source proche du dossier.

Selon pour quelques observateurs, il est indéniable que cette question de dépassement du budget participe à ternir l’image du Président Félix Tshisekedi qui a inscrit son mandat sous le signe de la bonne gouvernance et de la redevabilité, cette image dérange une certaine classe politique habituée à travailler à contre-courant de la morale publique et fondant leur popularité sur les actions illicites et illégales.

C’est une question de morale publique qui nécessite une attention soutenue des populations car, l’orientation morale donnée par le chef de l’Etat doit être renforcée par des attitudes idoines s’agissant de la redevabilité et de la transparence dans la gestion des fonds publics. L’opacité, le manque de transparence et les détournements qui furent des modes de gestion sont mis en mal par une volonté affichée de construire une société basée sur la bonne gouvernance.

Robert Tanzey

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