Depuis 1960, la République Démocratique du Congo (RDC) est engagée dans une lutte sans merci, une lutte qui l’oppose aux forces de la pauvreté et de la misère, une lutte entre deux visions du monde, celle qui la définit comme un comptoir pour grands exploitants des ressources naturelles et une autre qui estime que ce grand pays aux dimensions d’un sous-continent est une Nation peuplée d’hommes engagés dans une histoire de dignité et ayant des droits de participer, comme peuple, à l’aventure humaine. Grâce au mouvement général de la décolonisation et du combat mené par les pères de l’indépendance, il y a eu une fissure dans le destin du grand comptoir le 30 juin 1960. Le pays a eu son indépendance politique, c’est-à-dire, la superstructure de l’Etat fut confiée aux nationaux sur la base de la même orientation de société à charte.

epuis lors, l’eau a coulé sous le pont, le pays est toujours indépendant, mais son économie n’est pas la force de son action. Le tableau est éloquent, car la RDC consomme ce qu’elle ne produit pas et elle produit ce qu’elle ne consomme pas. Cette réalité veut simplement dire que le pays est dépendant économiquement, il est encore sous la loi des forces d’ailleurs, celles qui manipulent son avenir, car elles ont une main mise sur ses forces de production.

59 ans après, le pays est à la recherche de son indépendance et la célébration de cette année est sous le signe de la méditation. Alors la question qui s’impose à nous tous est celle de savoir, dans un monde interdépendant, que signifie en réalité l’indépendance économique ?

Selon l’économiste Maher Belhadi, expert en géopolitique et économie monétaire, le terme indépendance économique est défini comme la réalisation de l’autosuffisance dans tous les domaines. Cela veut dire qu’un pays est capable de construire tout ce dont il a besoin sans recourir à d’autres pays. On peut comprendre que vu de cette manière, aucun pays n’est vraiment économiquement indépendant. On peut parler par contre de souveraineté et de dignité économiques. A cet égard, Maher Belhadi a souligné le fait que les relations économiques entre les pays doivent être d’égal à égal.

On peut comprendre que la RDC doit assumer cette indépendance en exerçant sa souveraineté sur les ressources et avoir la maitrise des politiques publiques. Ceci exige une vision interne stratégique, avec des objectifs précis à accomplir par des hommes d’Etat de niveau supérieur.

L’indépendance économique de la RDC passe par la maîtrise par celle-ci de l’acier, cette matière qui a transformé les sociétés moyennageueses en société moderne. Il y a dans cette maîtrise de l’acier, toute la politique de développement de l’indépendance économique. Le Congo reste dépendant à cause de l’insuffisance de son parc industriel et de sa faiblesse d’accumulation des ressources financières, le capital. Il y a dans cette simple réalité de la maîtrise de l’acier toute la symbolique du combat des titans que se livrent les congolais, les forces de la pauvreté et de la dépendance. Depuis le Président Joseph Kasa-Vubu jusqu’au Président Félix-Antoine Tshisekedi, l’enjeu reste celui-là, comment transformer les matières premières en produits finis ? Comment restaurer le parc industriel qui fut détruit systématiquement d’abord par les belges en partant, ensuite par les politiques publiques irrationnelles comme la zaïrianisation, et les fameux pillages de début des années 90 ?

Pour répondre à ces épineuses questions, chaque chef de l’Etat a tenté de porter à sa manière ce combat de la transformation et il a tenu dans l’adversité le flambeau de l’émergence nationale. Joseph-Désiré Mobutu a poussé sur le raffinage du cuivre en se dotant d’une usine de dernier cri ? Mal lui en pris, car une guerre fut téléguidée pour arrêter les travaux de ‘’P2’’. Laurent-Désiré Kabila s’est concentré sur l’agriculture, en créant le Service National (SN) comme le vivier de cette transformation des produits congolais. Même cela a été combattu, car la guerre est venue déraciner le nouvel ancrage. Joseph Kabila, lui, a compris qu’il faut attaquer le problème à sa base par la loi. C’est ainsi qu’il s’est battu pendant plus de dix ans pour réviser le Code minier de 2002 en vue de lui donner le format à même de l’introduire sur le chemin de la maitrise de l’acier (Code minier de 2018) dont de la valeur ajoutée. Félix-Tshisekedi se basant sur cet acquis, va plus loin et cherche les moyens de faire fabriquer sur le sol congolais les batteries qui serviront dans l’industrie automobile à venir et d’avenir. L’indépendance économique sera une victoire si le chemin critique passe par la maîtrise de l’acier. Qu’on se le dise et que l’on passe à l’action !

Robert Tanzey

 

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