Le ministre des Relations Extérieures de la République d’Angola, Manuel Augusto, a déclaré qu’il espérait que le nouveau Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) donnerait un nouvel élan aux projets de coopération entre les deux pays. Selon Angop (Agence angolaise de presse), le diplomate angolais a fait cette déclaration lundi 04 février 2019 à la radio nationale angolaise à propos de la visite en Angola hier mardi, la première à l’étranger du Chef de l’Etat congolais, du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, investi à la magistrature suprême de la RDC le 24 janvier dernier. Le gouvernant angolais considère que la complémentarité des deux économies et le potentiel sont essentiels, ce qui permet de rationaliser les coûts et les moyens.
Le ministre angolais des Relations Extérieures estime que le chemin de fer de Benguela, lié au port de Lobito, peut être l’un des instruments décisifs pour le développement de l’industrie minière de la RDC, avec des avantages pour l’Angola. Manuel Augusto a également reconnu la possibilité de garantir l’électrification de Cabinda grâce à la capacité énergétique de la RDC, qui possède l’un des plus grands barrages hydroélectriques du continent africain, l’Inga.
Le chef de la diplomatie angolaise considère, en outre, qu’il est essentiel d’échanger des expériences entre les deux Etats dans divers domaines et de rationaliser le partage de l’exploitation du grand et majestueux fleuve Congo, l’un des deux plus grands au monde. L’autre dossier concerné par la coopération bilatérale, c’est celui de la création d’une commission conjointe pour résoudre les problèmes frontaliers, comme celui de la délimitation des frontières maritimes des deux pays dans l’océan Atlantique, riche en pétrole.
En effet, l’Etat angolais exploite à son compte « exclusif » une partie de la ZEE congolaise au nord du fleuve Congo de même que celle qui s’étend sur sa mer territoriale (12 miles marins de la côte) et sa Zone contiguë (24 miles marins au maximum).
La plus grande partie des blocs 14 et 15 angolais appartiendrait ainsi au Congo. Avec près de 2 millions de barils par jour, l’Angola rivalise aujourd’hui avec le Nigeria pour la place de premier producteur de brut du continent.
La RDC, par contre, n’en produit pour sa part qu’environ 25.000 barils par jour grâce à Perenco (Peredo energy company). La question de la délimitation de la frontière commune est d’autant plus importante que les deux pays ont signé par le passé des accords sur l’exploration et la production communes du pétrole dans leur « zone d’intérêt commun », située face à leurs côtes, dans l’Atlantique.
A l’heure où nous mettons sous presse cette information, un différend oppose les deux pays sur le pétrole du plateau continental, principalement dans les blocs précités (offshore). Ledit différend n’a jamais été dissipé. Kinshasa réclame son pétrole que Luanda exploite sans partage depuis trois décennies. En 2009, on estimait les réserves de ces deux blocs à 4,3 milliards de barils.
Fort de la Convention de Montego Bay qui redéfinit les limites du plateau continent d’un Etat, la RDC s’est engagée dans une bataille juridique pour retrouver ses droits sur le versant du plateau continental lui revenant et où l’Angola tire actuellement une bonne partie de sa production de brut.
A Luanda, le forcing de Kinshasa a été par moment perçu comme un affront, au regard, commentait-on dans la capitale angolaise, de l’appui que l’Angola avait accordé à la RDC dans les temps difficiles de la guerre.
L’on agitait notamment la grande offensive menée par les troupes angolaises en 1998 pour mater une opération commando menée depuis la base de Kitona dans le Kongo-Central par les rebelles du rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma). Voilà donc une affaire qui agite de la plus belle des manières les relations pour le moins apaisées qui lient les deux pays.
Dans la même province, Kinshasa, grâce à un partenariat conclu avec DP-Word, compte ériger un port en eaux profondes à Banana. Un projet pharaonique qui ne pleut pas à Luanda. Une fois réalisé, Banana va réduire sensiblement la forte dépendance de la RDC vis-à-vis des ports de la sous-région tels que Pointe-Noire (Brazzaville), Mombasa (Kenya), pour ne citer que ceux-ci.
Selon l’Institut angolais de la statistique (INE), au troisième trimestre de 2017, la RDC a été la deuxième destination en importance des exportations de l’Angola, dans les échanges entre Africains, derrière l’Afrique du Sud, avec un total de quatre milliards 403 millions de kwanzas. Les dernières données évaluent le Produit intérieur brut (PIB) de la RDC à 35 milliards de dollars américains. Quant à celui de l’Angola, il est de 89 milliards.
Dieudonné Buanali

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com