Une équipe du Fonds Monétaire International (FMI) dirigée par M. Mauricio Villafuerte, chef de mission de cette importante institution de Bretton Woods en République Démocratique du Congo (RDC), s’est rendue à Kinshasa et Lubumbashi du 22 mai au 5 juin 2019 pour mener les consultations de 2019 au titre de l’Article IV. « A l’issue de ces concertations, plusieurs rencontres ont eu lieu avec différentes parties prenantes, à savoir : les experts gouvernementaux, le bureau de la chambre haute et celui de la chambre basse du parlement congolais. Il ressort donc de ces travaux, un rapport de fin mission élaboré par l’équipe du FMI, trois grandes lignes à retenir. Primo, la croissance des activités non minières devrait plus que doubler en 2019, mais la croissance du PIB total ralentira sur base de l’hypothèse de ralentissement de l’activité minière. Secundo, une mobilisation plus forte des recettes est nécessaire pour accroître les dépenses d’infrastructures. Tertio, la réduction de la réglementation, la simplification des paiements d’impôts et l’amélioration de la gouvernance devraient contribuer à stimuler les investissements du secteur privé », renseigne zoom éco.
L’essentiel en chiffres !
La stabilité macroéconomique a continué de se consolider en 2018 grâce aux politiques macroéconomiques prudentes mises en place depuis mi-2017 dans un contexte de forte détérioration des termes de l’échange et de chocs politiques et de retrait du soutien des donateurs. La croissance du PIB est passée de 3,7 % en 2017 à 5,8 % en 2018. La production minière a augmenté plus rapidement que prévu, sous l’effet d’une forte augmentation des prix du cobalt, qui a plus que compensé le ralentissement de la croissance du PIB non extractif. En l’espace d’un an à peine, jusqu’en décembre 2018, l’inflation en glissement annuel est tombée de 54,7 % à 7,2 %, tandis que le taux de dépréciation du taux de change a fortement ralenti, passant de 31 % à 2,7 %. Le déficit budgétaire de 2018 a été contenu à 0,1 % du PIB, contre un excédent de 0,5 % du PIB un an plus tôt, malgré des dépenses plus élevées occasionnées par la tenue des élections en décembre dernier qui ont été couvertes totalement par les ressources propres du gouvernement.
La croissance du PIB devrait ralentir pour s’établir à 4,3 % en 2019, dû à un ralentissement de l’activité minière dans un contexte d’affaiblissement des prix du cobalt. En revanche, la croissance de l’économie non minière ferait plus que doubler en raison de la hausse des investissements publics et de l’optimisme post-électoral. A moyen terme, la croissance globale avoisinerait 4 % sur la base des politiques actuelles, bien que la mise en œuvre de réformes structurelles, devrait stimuler la croissance, en particulier dans le secteur non minier. Après une nouvelle baisse à 5.5 pour cent en 2019, l’inflation devrait se stabiliser autour de 5 pour cent à moyen terme.
Des recommandations aux autorités congolaises
Assainir le climat des affaires : les experts du FMI encouragent l’exécutif congolais à améliorer l’environnement des affaires et à encourager les investissements du secteur privé. L’atteinte de cet objectif passe par la réduction de la réglementation, la simplification et la consolidation des impôts et des paiements non fiscaux, l’amélioration de la gouvernance et l’intensification de la lutte contre la corruption et la recherche de ressources.
Avoir les finances publiques saines et solides : si les plans de réhabilitation et de construction d’infrastructures des autorités sont cohérents avec l’objectif de créer les bases d’une croissance durable, constate le FMI, ils nécessitent cependant une plus forte mobilisation des ressources publiques.
Instaurer une gestion plus transparence : une gestion plus transparente des ressources naturelles est un facteur déterminant dans le processus de redevabilité exigé par les pratiques de bonne gouvernance.
Étant donné que les recettes minières peuvent conduire à des dépenses volatiles, l’équipe des services du FMI a suggéré de modifier la formulation de la politique budgétaire de manière à ce qu’elle repose sur un solde budgétaire non minier et de continuer à faire preuve de prudence dans les emprunts publics pour préserver la viabilité de la dette.
Accroître les réserves de change : le niveau actuel de réserves internationales de la RDC reste encore est bien inférieur à celui exigé par le standard international qui est situé à au moins trois mois d’importation, soit 12 semaines. Afin de se conformer à cette exigence, le président Félix Antoine Tshisekedi et son futur gouvernement devraient retrousser leurs manches pour relever le défi dépasser la barre de 4,5 milliards de dollars américains des réserves internationales.
Renforcer le système financier : les discussions entre les deux parties au cours de ces consultations ont également porté sur la nécessité de continuer à renforcer les contrôles fondés sur les risques et la qualité des données financières.
Mais aussi de finaliser le cadre de la Lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme (LBC-FT). L’objectif étant d’améliorer davantage la stabilité financière.
En rappel, les consultations au titre de l’Article IV qui se sont déroulées du 22 mai au 5 juin 2019 ont porté sur les politiques qui devront permettre, à terme, de diversifier l’économie et de s’attaquer aux niveaux élevés de pauvreté et de chômage de la qui continue de croître à une vitesse inquiétante.
Paulin Muembo

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com