Commencée timidement, la campagne électorale vient de franchir dans certaines parties du pays une zone dangereuse au point que des observateurs les plus avisés craignent que le pays ne s’enfonce dans un chaos duquel la Nation aurait difficile à se relever.
Des incidents de grande intolérance sont signalés par ci par là, et des actes d’intimidation sont enregistrés dans le chef de tous les camps en fonction des ancrages respectifs. Avant que la police ne donne le résultat de ses enquêtes sur des faits graves survenus dans certaines parties du pays , on peut à titre illustratif citer par exemple les incidents survenus à Bunia où des militants de Lamuka auraient perturbé une manifestation de Cash.
On parle aussi de l’avion de Fayulu qui n’aurait pas reçu l’autorisation d’atterrir à Kindu , des incidents avec intervention de la police dans l’accueil de Fayulu à Lubumbashi, des affiches arrachées à Mbujimayi, des candidats présidents caillassés dans certaines parties du pays . Voilà des faits graves qui interpellent les différentes consciences et qui les exposent à prendre rapidement position sur la situation qui risque de dégénérer si rien n’est fait pour ramener les différents candidats et leurs bases respectives dans le bon sens.
A ce jour trois candidats à la présidentielle sont dans un déploiement territorial avancé, il s’agit de Emmanuel Ramazani Shadary du FCC, Felix Tshilombo de l UDPS et Martin Fayulu de Lamuka. Ils ont à ce jour la capacité la plus visible de mobilisation du peuple , il leur revient dans leurs adresses de prêcher la paix et la tolérance , car les attaques ciblées , les insinuations et évocations tribales sont du carburant pour cœurs frustrés , et il suffit d’un discours extrémiste pour enflammer cette Nation qui ne peut se payer le luxe d’une déstabilisation en interne, prétexte rêvé par des « vautours » embusqués dans les différentes postures de prédation. Comment faire pour éviter cette situation ?
Premier élément, la responsabilité des candidats et leurs capacités à distinguer les éléments du langage qui sont des incitations à la violence où à des actes délictueux. Ils sont tenus à collaborer avec les services de sécurité pour assainir l’environnement de la campagne électorale. Les seconds en responsabilité, c’est la police nationale, dont les différents dispositifs doivent obéir à l’impératif de l’ordre public et éviter d’être interprétés comme un frein à l’expression politique, la police et les services de sécurité ont l’obligation de créer le couloir de sécurité pour que l’expression démocratique soit apaisée.
La troisième catégorie des personnes sur qui pèse la responsabilité d’éviter le chaos ce sont les militants des différents partis, ceux qui remplissent les stades, les rues, qui vont sur les places publiques pour donner de la voix à leurs sensibilités politiques. Si les leaders se connaissent et se regardent comme des adversaires, par contre les militants eux sont comme des ennemis, qui se regardent avec haine et animosité, résultat d’un conditionnement dépourvu de tolérance.
La quatrième catégorie et non la moindre est la presse, celle qui accompagne les candidats, celle qui répercutent dans les rédactions les échos de terrain. Soit elle est dans une amplification sans borne des faits , soit elle est dans un déni dangereux de la réalité. Il est loin où les faits étaient sacrés et les commentaires libres. Avec l’avènement des réseaux sociaux, ce sont les commentaires, les sentiments, les opinions qui ont pris le dessus.
Des débats sont engagés sur des faits non vérifiés et des insultes sont devenues les boulevards des communications sociales. Comment ne pas voir se développer les médias comme un lieu d’affrontement où se mêlent et s’entremêlent les contradictions sociales plutôt que d’être un lieu de cohésion sociale. Les journalistes sont appelés au sursaut professionnel et à un sens aigu de responsabilité car leurs écrits, leurs images participent à l’avènement d’un climat de terreur ou d’apaisement.
La dernière catégorie est constituée des candidats, d’abord ceux à la présidentielle qui se sont cantonnés de prendre une posture personnelle pour ou contre, mais qui en réalité n’avaient pas l envie et la motivation de mener une vraie campagne. Ils sont restés dans les medias, prenant la parole et entrainant le pays dans une direction qu ils ne sont pas prets à assumer au concret. Ils sont négativistes et cachent mal leur impréparation aux élections en évoquant parfois à raison et souvent à tort les ratés du processus. Aujourd’hui ils ne peuvent se déployer et continuent à proférer des insultes à l’endroit ce ceux des candidats qui sont sur terrain. Il serait judicieux à ces candidats de se taire et d’attendre de quitter la scène dans le calme sans pollution aucune.
Ensuite les autres candidats à la législative et à la provinciale sont responsables du climat à la base, de l’atmosphère dans les rues et on constate que cela se passe bien car il ya assez des rues à arpenter dans cette république pour que des candidats se sentent à l’étroit dans ces zones d’expression. IL leur faut seulement se rassurer de la formation de leurs témoins pour que le jour j rien de fâcheux ne soit remarqué.
Robert Tanzey

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com