» La valorisation et la transformation des ressources naturelles en République Démocratique du Congo (RDC) : portée, défis et perspectives », tel est le thème général choisi cette année par le comité organisateur de la 5ème édition de l’Alternative Mining Indaba (AMI-2021) qui s’est tenu, du 27 au 28 octobre 2021, au Pullman Grand Hôtel de Kinshasa, avec l’appui financier et technique de l’Open Society Initiative for Southern Africa (OSISA), de Southern Africa Resource Watch (SARW), de la Coopération Technique Allemande (GIZ) et de la Norwegian Church Aid. Prenant la parole pour s’exprimer du haut de la tribune de ses assises de deux jours lors de la session 4 portant sur » La contribution des entreprises minières à la valorisation des substances minérales, du contenu local et de la sous-traitance », l’Ingénieur Raphaël Ngoy Mushila, auteur de » La Gécamines de Yuma, un nain Minier et une sangsue nationale. », livre de 103 pages qui est en fait une évaluation partielle des opérations d’exploitation menées par la Société parapublique au cours de ces dernières années, a axé son intervention sur » l’importance et l’impératif de la valorisation du cobalt congolais dans la transition énergétique ».
Avec la passion d’un congolais qui n’a pas d’intérêt autre que celui du Congo, l’ancien chef de Service Cobalt à la Générale des carrières et des mines (Gécamines) a tenu un discours discordant de ceux prononcés par les opérateurs miniers qui se sont succédés du haut de la tribune de AMI 2021.Surnommé à l’époque où il travaillait encore à l’usine de Luilu ‘’ Monsieur Cobalt ‘’, Raphaël Ngoy a, à l’aide des diapositives, expliqué que la RDC produisait il y a quelques années le cobalt avec une teneur de 99, 99%. C’était un cobalt valorisé au maximum.
Ce n’est plus le cas maintenant. Pourquoi ? A cette question, le mandataire en mines et carrières a fait savoir la RDC produit actuellement le cobalt hydrate, titré entre 20 et 30%. Ce la veut dire que chaque fois qu’on exporte le cobalt en dehors du pays, on emporte d’autres minerais associés valorisables contenus sur lesquels le Congo n’a plus d’emprise. Le pays a beaucoup reculé et c’est pour cela que l’ingénieur en mines plaide pour le retour des fondamentaux, la valorisation du cobalt au Congo.
En plus de cent (100) ans d’exploitation minière industrielle, le Congo, a-t-il fait savoir, a livré au monde quelque 1, 3 millions tonnes de cobalt en cumul. Cependant, le cobalt, ressource critique, financièrement et écologiquement déterminante, demeure encore à ce jour la ressource la plus mal gérée.
Selon le rapport ‘’ Minerals for Climate ‘’publié par le Groupe de la Banque Mondiale, le besoin en cobalt en 2050 est projeté à 644.000 tonnes de cobalt contre une production mondiale de 140.000 tonnes en 2018, soit une multiplication par 4,6. ‘’ La transition énergétique est une nouvelle donne et opportunité pour la RDC, le leader mondial depuis des décennies qui détient encore plus des ressources en cobalt que tous les autres pays du monde entier réunis ‘’, a affirmé M. Raphaël Ngoy. Avant d’ajouter : ‘’ Le prix du cobalt en 2023, selon les projections de Canacord, sera supérieur à 93.000 USD la tonne. A ce niveau de prix, les recettes d’exportation sur le seul cobalt pourrait dépasser les 25 milliards USD annuellement ‘’.
‘’ Le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares ‘’, déclarait en 1992 Deng Xiaoping, après sa visite à la mine de Bayan Obo. En 2022, le slogan du 5ème Président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo devrait, selon notre orateur : ‘’ Le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a des terres rares et le Congo a le cobalt ‘’.
‘’ Réveillez-vous ‘’, disent les témoins de Jéhovah afin de récupérer l’emprise sur la filière : de la mine aux batteries des voitures électriques. ‘’ La RDC qui détient tous les constituants majeurs de la fabrication des téléphones portables, des véhicules électriques et des batteries de stockage d’énergies à grande capacité, doit se réveiller ‘’, exhortation de l’Ingénieur Ngoy Mushila au peuple congolais et à ses dirigeants qui doivent peupler le sol de la RDC et assurer sa grandeur, car demain il sera trop tard. Avec l’espoir que ses sages conseils ne sont pas tombés dans les oreilles des sourds.
Dieudonné Buanali
Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com