En jetant un profond regard sur les dernières statistiques publiées par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) concernant la représentation des Femmes congolaises, sur les 19.640 dossiers de candidatures déposés pour les élections législatives provinciales, il y a 1.842 candidates Femmes, soit 11%. Pour les élections législatives nationales, sur les 15.222 dossiers des candidatures déposés, il y a 1.827 candidates Femmes, soit 12%. Quant à la présidentielle, sur les 21 dossiers des candidatures déposés, il y a seulement une candidate Femme, soit 0,2%. Il s’agit de Mme Marie-José Ifoku, Vice-gouverneur honoraire de la province de la Tshopo, repêchée par la Cour Constitutionnelle. « Tout cela nous laisse perplexe. De tout ce qui précède, la première réflexion serait d’avancer que la représentation de la Femme congolaise dans les sphères de prise de décisions ne connaîtrait point une amélioration notable et qu’il faut vivre avec ce triste sort », a déclaré hier jeudi 06 septembre, Mme Elise Muhimuzi Kindja, Secrétaire Générale de la « Synergie Femmes Paix et Développement Durable (SYFEP) », au cours d’une conférence de presse tenue à Kinshasa/Gombe.

Mais les Femmes et les Hommes épris de justice et d’égalité de genre en RDC ont, au cours de leurs récentes rencontres, ajoute la cheville ouvrière de la SYFEP, décidé de travailler avec cette dure réalité. Ils ont ainsi pris l’engagement de requalifier les stratégies de leur combat légitime et de le généraliser le plus tôt possible en donnant un appui spécialement aux Candidates retenues sur les listes électorales définitives.

Dès lors, ils ont, dans un premier temps, repassé sur le gril certains obstacles souvent recensés pour justifier cette sous-représentation des Femmes congolaises : (1) le faible engagement, dans le chef des Femmes congolaises, à s’occuper de la politique active, de la gestion directe de la chose publique ; (2) la faible participation aux activités des partis politiques ; (3) la faible ouverture des chefs des partis politiques, souvent des hommes, pour inscrire des Femmes en ordre utile sur les listes électorales ; (4) la sous-estimation des Femmes entre-elles ; (5) le manque des moyens financiers, essentiellement pour payer la caution et s’assurer un budget de campagne conséquent ; (6) les conséquences de la question du seuil de représentativité et celles liées à la manipulation de la machine à voter ; (7) les coutumes rétrogrades et les stéréotypes, et enfin ; (8) les faiblesses du cadre juridique national.

En fait, la RDC s’est bien dotée d’un arsenal juridique spécifique jugé pertinent, mais dont certains effets ne se traduisent pas en réalités innovantes, et qui paraît inefficace. Selon une récente étude, en 2007 : il y a eu à l’Assemblée Nationale 8,4% de Femmes, 4,6% au Sénat et 15% au Gouvernement. En 2018 : 9,8% à l’Assemblée Nationale, 4,6% au Sénat et 10% au Gouvernement.
Face à ce triste constat, la SYFEP a décidé de déployer rapidement sur tout le territoire national, un programme pluriannuel, très volontariste et très inclusif, dénommé « Dynamique des Femmes pour un vote utile aux scrutins de 2018, 2019 et 2020 ».

Mais pour quel objectif ? A cette question, la SG de la SYFEP a répondu en ces termes : « L’objectif global est de mobiliser les électrices et électeurs de la RDC, particulièrement les Femmes, les Jeunes, les Personnes vivant avec handicap et les Peuples autochtones, pour une représentation plus large et plus responsable au sein des Assemblées délibérantes nationale, provinciales et locales qu’au niveau des organes exécutifs national, provinciaux et locaux ».

En plus de la mobilisation, Mme Elise Muhimuzi propose le système de quotas. En plus des Femmes régulièrement élues lors des scrutins législatifs, d’autres capables et responsables pourront intégrer les instances de prise de décisions, comme il est fait pour les Chefs coutumiers. Cela, pense-t-elle, devrait se faire dans la proportion des 10 % des élus, au niveau des partis politiques de la Majorité et de l’Opposition, au regard de leurs poids politiques parlementaires, et de la Société Civile.

« Ces différentes propositions novatrices et créatrices d’un Nouvel ordre ne pourront pas irriter les dispositions pertinentes de la Constitution, ni tuer la démocratie dont l’un des piliers est l’élection », a-t-elle martelé.

Dieudonné Buanali

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