Plus de 48 heures après l’invalidation de Jean-Pierre Bemba, cette décision continue à faire couler beaucoup d’encre et de salive. Si l’ancien Vice-président dit redouter le chaos à la suite de l’arrêt de la Cour constitutionnelle, dans le camp présidentielle, la réponse est cinglante aussi: force doit rester à la loi. Félix Kabange, ministre de l’Aménagement du territoire et qui a fait office de porte-parole du gouvernement pendant l’absence de Lambert Mende a, dans une interview, estimé que la « RDC n’est pas une république bananière. »

L’opposition congolaise, en particulier le MLC accuse la Commission électorale et la Cour constitutionnelle d’être inféodées aux ordres du pouvoir. Quelle est votre réaction ?

La Commission électorale est indépendante. La Cour constitutionnelle est la plus haute institution judiciaire. Donc il n’y a aucune inféodation du pouvoir sur les institutions indépendantes ou sur la justice.

Le MLC estime par exemple que la CENI n’avait pas qualification pour interpréter une décision de la CPI et que la Cour a dévoyé ses décisions…

Je n’ai pas à commenter une décision de la Cour parce que la Haute Cour a dit le droit et le gouvernement prend acte des décisions de la Cour. Ces décisions sont exécutoires immédiatement. Les arrêts sont obligatoires et s’imposent.

Mais tout de même Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito hors course pour cette élection. A vos yeux, est-ce que ce n’est pas un coup dur pour l’inclusivité et donc pour la crédibilité de ces scrutins ?

Je pense qu’il faut qu’on fasse la part des choses entre d’une part l’inclusivité et de l’autre, le respect de la constitution et des lois de la République. J’ai l’impression que lorsque les décisions d’une certaine juridiction, les décisions de la CENI sont en faveur d’une personne, en ce moment-là, nous sommes dans un Etat de droit. Lorsque ce n’est pas en faveur de quelqu’un, nous sommes dans un Etat de non droit. Je donne un exemple : lorsque Jean-Pierre Bemba foule ses pieds au niveau de l’aéroport de Ndjili (1er Août Ndlr), tout le monde parle parce que Moïse Katumbi n’a pas pu arriver. En ce moment-là on a dit que c’est le gouvernement qui est en train de favoriser Bemba de pouvoir rentrer au pays et de déposer sa candidature parce que Jean-Pierre Bemba est le candidat du pouvoir. C’est ce qui a été dit ! Et quand Jean-Pierre Bemba est invalidé, « le pouvoir a inféodé les institutions ». Je ne pense pas qu’il y a un coup dur. Le président de la république a donné l’exemple en respectant la constitution. Je pense qu’il est demandé à tous les acteurs politiques de faire de même. Nous ne sommes pas dans une république bananière où pour raison d’inclusivité justement, que les personnes qui ne remplissent pas les conditions d’éligibilité soient tout simplement validées parce qu’il faut être inclusif. Et j’aimerais aussi rappeler qu’il y a aussi une vie en dehors de la présidence.

Que va-t-il se passer si l’opposition boycotte le scrutin ? Est-ce qu’il pourra se tenir, est-ce qu’il faut envisager un nouveau dialogue ?

Il est important que l’opposition puisse continuer dans le processus. Mais s’il y a quelqu’un qui volontairement refuse, le pays ne vas pas s’arrêter parce qu’il y a une personne qui refuse de participer au processus. En 2006, l’UDPS n’a pas participer au processus, mais cela n’a pas empêché les élections d’avoir lieu. Nous ne pouvons pas encore aller à un autre dialogue et attendre encore des années.

Mais cette méfiance, elle là. Est-ce que aller aux élections dans ces conditions ce n’est pas risquer une contestation certaine, le chaos comme le dit Jean-Pierre Bemba ?

Je ne pense pas qu’on peut aller vers le chaos. A moins que ceux qui ne veulent pas des élections justement, se mettent dans ce processus du chaos, parce que la population veut aussi les élections. Je pense que nous sommes dans un Etat de droit et ceux qui sont appelés à diriger ce pays, doivent y aller par des voies légales. Nous avons des institutions que nous devons tous respecter. J’invite justement les acteurs politiques à pouvoir respecter des textes de lois en vigueur.
GH/

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