Il est onze heures, quand l’ambassadeur Atundu Liongo reçoit dans sa résidence de Macampagne, une poignée des responsables des médias principalement ceux de la presse écrite et ceux des certaines radios locales de la place. Chose rare pour un politique habitué des medias certes mais dans le cadre des conférences régulières de la majorité dont il est le porte-parole. Tout ce mercredi est message car connu pour un homme discret, il n’ouvre sa résidence qu’à ceux à qui il a ouvert son cœur.

Construite sur un terrain accidenté, la villa épouse bien la pente et c’est autour d’une piscine incurvée, dans un jardin luxuriant, sous les cris des oies qui nagent, que les chevaliers de la plume viennent pour cet échange assez particulier. Sur la terrasse adjacente au jardin, on peut remarquer trois grandes photos encadrées qui résument bien le champ de pensée de l’hôte du jour. On voit une photo de lui avec le maréchal Mobutu, une autre photo avec Joseph Kabila et une récente avec Felix Tshisekedi Tshilombo. Homme politique parmi les plus présents ces trente dernières années, il fut le porte-parole des groupes, mais aujourd’hui ayant accepté de s’exprimer, il le fait comme un acteur politique, fort de ses propres convictions et ayant une vision systémique des enjeux de l’heure.

A la question de savoir comment il définissait l’accord FCC-CACH, Atundu Liongo dont la culture philosophique semble inépuisable déclare qu’effectivement, il existe une volonté commune portée par deux leaders, volonté connue sous le label d’un deal ayant pour nom alternance politique : « C’est un engagement des procédures pendant cinq ans pour créer un climat qui soit à l’abri des sautes d’humeur des uns et des autres et qui permettent au pays de passer ce cap historique ». Effectivement, ajoute-t-il, le FCC et le CACH sont des partenaires qui sont appelés à se concerter pour donner une chance à la paix et au développement tout au long de ce mandat car chose inédite, il existe une mouvance présidentielle face à une majorité parlementaire, comme si et c’est d’ailleurs le cas, le peuple a poussé les uns et les autres à construire des passerelles républicaines pour gérer en toute sagesse et intelligence, la démocratie congolaise. Il est vrai que le FCC a une majorité significative, amis se doit pour la bonne gouvernance de tenir compte de l’autre force, de manière à fidéliser la dynamique de progrès que suggère les élections.
S’il y a une si bonne entente, pourquoi le nom du Premier Ministre tarde à être connu ? Pour Atundu Liongo, il faut que chacun des membres de la communauté quitte le champ des vaines spéculations où les mensonges se fondent aux désirs inavoués. Le nom du Premier Ministre sera connu quand, au niveau de l’organe délibérant, on aura un bureau définitif dont la mission est d’investir, par l’assemblée nationale, le futur gouvernement. A ce jour, avoue-t-il, le partenariat stratégique permanent instauré par deux fils du pays, nationalistes de surcroit, fonctionne à merveille, et une certaine alchimie est à l’œuvre pour doter le pays des animateurs de qualité.

Pour Atundu Liongo, les congolais doivent savoir que l’avenir n’est écrit nulle part, c’est à nous de l’écrire. C’est dans ce cadre qu’il place l’ensemble des pressions qui sont exercées sur le pays par ceux qui ne pariaient aucun sou sur l’aboutissement pacifique du processus et qui aujourd’hui, usent de tous les moyens pour contrôler le destin de la Nation. C’est dans cet ordre qu’il met les sanctions décidées par certains gouvernements sur des citoyens congolais. Comment ceci peut-il être possible que des sanctions soient prononcées là où il n’y a pas eu jugement, pas l’usage du contradictoire et surtout pas l’intime conviction des juges ? Il s’agit des pressions des gouvernements qui défendent leurs visions du monde comme si elle était la seule ?

C’est dans cette optique qu’il a trouvé inappropriées, les récentes déclarations de l’archevêque de Kinshasa Fridolin Ambongo qui, selon l’ambassadeur Atundu, s’est donné une tache dans un secteur totalement éloigné de sa spécialité ; occasion pour le porte-parole de la majorité FCC de citer le pape François qui disait que si vous voulez contribuer à la gloire de Dieu, faites ce que vous devez faire. C’est pourquoi, il déplore le déclin moral de toute la société envahie par la gangrène de la corruption et de la débrouillardise en tout genre.

Pour lui, les postures actuelles nées de l’accord entre le FCC et CACH ne peuvent être l’objet d’une spéculation, car ce sont des fondements d’une nouvelle gouvernance et chaque membre de la classe politique est tenu à renouer avec le fil de la loyauté pour que rien ne ternisse l’image de notre pays qui ne peut se payer le luxe des adversités évitables par manque de tolérance et par un esprit de contestation systématique. Il estime quant à lui que son engagement politique est fondé sur des valeurs essentielles qui sont d’ordre moral à savoir l’intégrité, l’honnêteté et la vérité, valeurs qu’ il poursuit depuis, sous le leadership de Joseph Kabila en sa qualité d’autorité morale du FCC.

Quant à la vague de corruption dont il fut le dénonciateur, il estime avoir accompli son devoir de patriote et que le reste est entre les mains de la justice.

Robert Tanzey

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