L’union pour la démocratie et le progrès social a fêté son 37ème anniversaire vendredi. Un anniversaire célébré en grande pompe le weekend passé devant la permanence de cette formation politique. La manifestation publique qui a été présidée par le désormais président intérimaire, Jean Mark Kabund A Kabund, a été l’occasion pour ce parti, créé en 1982 et habitué à ronger son frein dans l’opposition, d’apporter des précisions sur un certain nombre des choses après la victoire, en janvier dernier, de Félix Tshisekedi à la présidentielle.
Devant les « combattants » venus en grand nombre pour la célébration, Jean Marc Kabund a rappelé l’histoire de la longue lutte de son parti, les brimades essuyées, les militants tombés dans le combat pour l’instauration de la démocratie. L’actuel président a aussi martelé le fait que la victoire de son parti « n’est pas un cadeau, mais le couronnement d’une longue lutte.» Une lutte qui a toujours été « non violente », une révolution par le « stylo », débutée par l’envoi, par les 13 parlementaires, de cette lettre de 52 pages adressée au président Mobutu, président-fondateur du mouvement populaire pour la révolution (MPR).
Au plus fort du MPR et son géniteur, la fameuse lettre des 13 parlementaires pour dénoncer la mauvaise gestion du pays était une bravade, le commencement d’un combat qui, selon les mots des cadres de l’UDPS a eu son épilogue dans les urnes en décembre dernier. L’épopée des 13 parlementaire est d’autant plus instructive qu’elle arrivait après les échecs des guerres du Shaba, des révolutions des gendarmes Katangais, des échecs dans le Kwilu avec Pierre Mulele et des échecs des révolutions de l’Est. La révolution par le stylo était née dans la capitale, au cœur même du MPR. Mais de la lutte acharnée à l’accès au pouvoir, il y a des défis qui changent de nature et l’UDPS devra prendre en compte aussitôt ce changement de réalité.
Un autre défi se pose d’ores et déjà au nouveau parti au pouvoir. Comment l’UDPS va-t-elle traiter ses opposants, elle qui a toujours prôné l’Etat de droit ? Kabund a tenu à signifier que « les opposants seront libres et respectés. Leur meeting ne seront pas perturbés ni dispersés à coups des gaz lacrymogènes. Ils pourront critiquer le chef de l’Etat. Il n’y aura plus jamais des prisonniers politiques», a souligné le président de l’UDPS.
Loin d’arrêter avec ses méthodes, le désormais parti au pouvoir, par la bouche de son président, promet d’être encore plus entreprenant par les « parlementaires debout » et de descendre dans la rue pour éventuellement dénoncer et obtenir le limogeage d’un ministre qui plongerait dans la corruption. Jean Marc Kabund a aussi mis en garde ceux qui chercheraient à « renverser le pouvoir de l’UDPS ». A ceux-là, a-t-il dit, « à l’instar de la ZANU-PF, de l’ANC ou du MPLA, l’UDPS va demeurer le rempart et le bouclier du pouvoir, car Fatshi a une machine politique capable de tout broyer.» Une mise en garde qui illustre bien l’esprit UDPS. Même étant au pouvoir, l’œil reste vigilant et pas question de se départir de la rue et des mémorandums.
Patrick Ilunga

Journaliste intéressé par les grands ensembles régionaux (Comesa, EAC etc), mais aussi intéressé aux questions environnementales et sécuritaires.
E-mail : patilunga35@gmail.com